Les coopératives : résilientes, agiles et pérennes, malgré les tempêtes

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Beaucoup d’études le démontrent : les coopératives traversent plus facilement les crises que d’autres types d’entreprises. Krachs boursiers, guerres mondiales, récessions, pandémies… elles résistent. D’où leur vient cette fabuleuse résilience? Bien ancrées dans leurs collectivités et guidées par des valeurs et des principes coopératifs forts, les coopératives possèdent des atouts majeurs pour s’adapter et se développer. Pas seulement en contexte de crise, mais en tout temps! En effet, leurs forces et leurs valeurs d’entraide, de partage et de respect font d’elles une solution innovante pour faire des affaires.

L’histoire de Sollio Groupe Coopératif en témoigne. En presque 100 ans d’histoire, cette entreprise née en 1922, qui a connu à maintes reprises des hauts et des bas, s’en est toujours tirée. C’est le propre des coopératives. Elles sont pérennes, deux fois plus que les entreprises traditionnelles.

« Une coopérative est une association de personnes qui se sont réunies pour satisfaire un besoin commun, rappelle Ghislain Gervais, président de Sollio Groupe Coopératif. Ces personnes sont directement impliquées dans leur organisation et veulent qu’elle fonctionne. »

« Son fonctionnement démocratique et son approche consultative, qui bénéficie de l’intelligence collective, procurent à la coopérative une meilleure capacité à faire face à l’incertitude, note Colette Lebel, directrice des Affaires coopératives chez Sollio Groupe Coopératif. Une enquête réalisée fin 2019 auprès de quelque 5 000 Canadiens et Canadiennes indiquait que, pour ces derniers, le modèle coopératif se révélait comme un véritable tremplin vers un monde meilleur. Selon cette enquête, 58 % des répondants ne se sentaient pas maîtres de leur propre vie et 60 % étaient d’avis que le système économique était manipulé, truqué en leur défaveur. Cela se répercute évidemment sur tout le capital social de nos collectivités. Cette enquête rend encore plus évident l’immense potentiel du mouvement coopératif. Non pas comme un “mouvement antisystème”, qui viserait à mobiliser un “nous” prêt à partir en guerre contre un “eux”. Mais comme un mouvement qui fait partie du système et qui a la capacité de le transformer de l’intérieur, en offrant à tous la possibilité d’exercer du pouvoir et d’accéder au partage équitable de la richesse générée. »

Les crises : terreaux fertiles de coopération

Les coopératives semblent bien équipées pour faire face aux crises, car elles naissent souvent pendant ces périodes troubles. On se retrouve ensemble devant un ennemi commun, souligne Colette Lebel. On a le sentiment qu’on est tous dans le même bateau, qu’il faut agir. Les coopératives sont des associations de personnes qui offrent un lieu d’ancrage et d’appartenance. En temps de crise, le sentiment de vulnérabilité nous fait renouer avec les valeurs humanistes de solidarité, d’équité et d’entraide. 

« Notre identité, nos valeurs et nos principes coopératifs sont fondés sur la solidarité et le partage, dit Andréa Renaud, conseillère aux Affaires coopératives chez Sollio Groupe Coopératif. Il n’est donc pas surprenant de constater l’aide et le soutien que les coopératives ont apportés à leurs membres et à leurs communautés depuis le début de la crise sanitaire actuelle. Selon les auteurs du livre The Co-operative Firm – Keywords, cinq facteurs jouent un rôle déterminant dans la capacité des coopératives à s’adapter en temps de crise : l’adhésion aux valeurs coopératives par les membres, la présence de réseaux forts et connectés, le développement de compétences collectives, l’aide gouvernementale et l’innovation. »

« Manifestement, les coopératives passent avec succès le test de l’utilité, constate Colette Lebel. À la manière d’une police d’assurance, elles sont là beau temps, mauvais temps – pérennes, résilientes et bien ancrées dans leurs collectivités. »

« La coopérative ayant des antennes partout en région, les membres de la base nous font part, dans les différentes instances du mouvement coopératif, de leurs préoccupations et de leurs attentes, et on doit y répondre, ajoute Ghislain Gervais. C’est ce qu’on appelle le bottom-up [approche ascendante]. Mais il y a aussi du top-down [approche descendante]. Il y a beaucoup de redditions de comptes dans le mouvement coopératif. On est très imputable de ce qu’on fait. On doit régulièrement expliquer les raisons qui nous amènent à prendre certaines décisions, ce qui n’est pas le cas dans de nombreuses grandes organisations capitalistes, où l’avis des consommateurs n’est pas toujours pris en compte. »

« La coopérative est l’organisation par excellence pour trouver des solutions, croit André Martin, chercheur associé au Département de philosophie et d’éthique appliquée de l’Université de Sherbrooke. L’histoire des coops est une grande suite de prises de conscience et d’adaptations. Des moments de grande impulsion et de transformation du modèle, avec une vision différente du monde. La force de la coopérative, c’est le collectif. Les gens qui l’ont fondée, qui ont vécu un choc, une déconstruction sociale, qui en ont pris conscience, sont donc plus enclins à tenter d’y trouver une solution, à vouloir la sauver. Les coops sont remodelées à l’image des gens qui les composent – des gens à ras le sol. C’est de là que viennent les solutions, pas des bancs d’université. »

Lire l'article complet dans l'édition de septembre 2020 du Coopérateur.