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Sollio Agriculture, toujours là où ça compte

Photo : iStock

Sollio Agriculture fait le point sur la situation des effets de la COVID-19 chez les producteurs agricoles et sur leurs chaînes d’approvisionnement. Entretien avec son chef de la direction, Sébastien Léveillé.

 

La préparation aux semis se passe très bien. Les producteurs reçoivent leurs intrants à temps, et la saison s’annonce bonne si la météo le permet. À quoi attribuez-vous ce succès alors que les effets de la pandémie auraient pu nuire à la bonne marche des préparatifs du printemps?

La première chose, c’est la météo. La température, dans un bon printemps, c’est l’intrant numéro 1. Quand elle est favorable, les producteurs peuvent mettre les semences en terre au bon moment. En temps de pandémie, au Québec, au Canada et aux États-Unis, les producteurs veulent avoir plus rapidement leurs produits en main. On a observé qu’ils ont « tiré » vite sur les produits, tant dans les semences, la protection des cultures, de même que dans l’engrais, que des producteurs ont voulu stocker. Avec la malchance des derniers mois qui s’est abattue sur les producteurs : problèmes de transport, grève des chemins de fer, pénuries de propane, et là, avec la COVID-19, ils ont cherché à s’assurer le plus possible d’une bonne saison de semis en mettant à leur disposition tous les intrants nécessaires. L’effet fut important et a accéléré le rythme dans la chaîne d’approvisionnement.

 

Le secteur des productions animales semble plus affecté. Les productions sous gestion de l’offre, le lait et la volaille, ont vu la demande baisser significativement. Ces situations ont-elles des impacts chez Sollio Agriculture?

Le secteur des productions animales de Sollio Agriculture est le plus affecté dans le contexte que l’on vit. Dans la volaille, les impacts sont importants. Comme les producteurs, nous sommes durement touchés. La baisse de production annoncée pour la période A163 est de 15 %. Toute notre chaîne de valeur du poulet en est perturbée, de la production d’œufs de reproduction, à l’élevage dans nos fermes, en passant par l’incubation. Dans le lait, les producteurs doivent s’adapter au quota qui leur est octroyé. Cela s’est traduit par une baisse de production liée à la réduction de la demande. On a du monde sur le terrain pour les aider à s’y conformer. Résultat, notre chaîne d’approvisionnement en intrants est également touchée. Dans le porc, la problématique, c’est le nombre important d’animaux en attente d’abattage. Il faut évidemment continuer de les alimenter. On réussit à soutenir la demande, mais ça inflige beaucoup de pression sur nos meuneries.

 

Qu’en est-il du prix du porc, notamment?

On parle de baisse du prix du porc, mais il y a aussi des chutes de prix dans la volaille. Malgré le système de gestion de l’offre, la pandémie a généré des changements brusques de demande, ce qui a rapidement fait fluctuer les prix. Des usines d’abattage et de transformation de porc aux États-Unis ont fermé à cause de la COVID-19, ce qui s’est soudainement traduit par une forte baisse de la capacité d’abattage et un surplus de porcs. Les prix devraient se stabiliser au cours des prochaines semaines et des prochains mois.

 

Les mesures sanitaires que vous avez mises en place (visite des experts-conseils sur les fermes limitées aux urgences, nettoyages fréquents des mains et des surfaces de travail et distanciation entre travailleurs) sont-elles toujours en force?

Oui, et elles vont l’être jusqu’à l’automne. Ça créera même une nouvelle façon de gérer la relation avec les entrepreneurs agricoles. L’utilisation de nos outils numériques prend de plus en plus d’importance dans nos relations avec eux. Par contre, je tiens à préciser que nous serons toujours disponibles pour toutes les urgences à la ferme. Notre priorité demeurera toujours la prospérité des familles agricoles.

 

La pandémie vous aura-t-elle incité à développer encore plus vos outils numériques?

Absolument. L’utilisation de nos outils en ligne a augmenté entre 40 et 125 %, selon la région, la coopérative et les divers partenariats d’affaires à travers le Canada. On assiste notamment à une très forte augmentation des commandes en ligne par SMS. Dans le secteur laitier, l’utilisation de notre outil Lactascan a augmenté de 300 %. Notre personnel partout au pays a rapidement inscrit les producteurs de lait sur cette plateforme pour effectuer des diagnostics de production, et les aider à l’adapter dans un contexte de baisse de la demande. Bref, une fulgurante augmentation de l’utilisation de nos outils numériques catalysée par la situation unique que nous vivons.

 

Sollio Agriculture compte de nombreux avantages en matière d’approvisionnement, dont le positionnement de ses installations le long du fleuve Saint-Laurent et de la voie maritime. Certains produits viennent d’Europe et des États-Unis. Aviez-vous prévu un plan B dans le cas où les autorités des pays d’où proviennent ces produits auraient eu à interrompre ces activités?

En date d’aujourd’hui, nous sommes très avancés en matière d’approvisionnement dans le secteur des grandes cultures. On attend encore beaucoup de navires de réapprovisionnement qui sont déjà sur l’océan. Dans nos infrastructures portuaires sur la voie maritime, ça se passe bien. Cette présence est d’ailleurs un avantage extrêmement important. Par exemple, si on éprouvait de la difficulté à s’approvisionner d’un produit en particulier, on se tournerait vers nos stocks dans un de nos entrepôts de la voie maritime, à Hamilton, Saint-Thomas, Belton ou dans tout autre terminal que nous possédons. Nous pouvons rapidement bouger des volumes pour réapprovisionner les régions qui en ont besoin. On a aussi d’autres sources. L’Ouest canadien en est une. Dans les fertilisants de potasse, notamment. Si nécessaire, on pourrait également approvisionner le Québec et l’est du Canada avec d’autres produits fertilisants en provenance de l’Ouest ou encore des États-Unis.

 

Il est peut-être tôt pour faire de grands constats, mais est-ce que vous aurez appris quelques leçons à travers cette pandémie qui vous permettront d’améliorer vos façons de faire?

Tout à fait. La vie continue, même si notre présence physique sur les fermes n’est pas aussi fréquente qu’avant. On en a parlé, l’utilisation et l’adoption de nos outils numériques sont fortement stimulées par la situation des dernières semaines. On se rend compte d’un réel besoin pour de tels outils. Si on ne les avait pas eus, c’eût été très certainement un problème de plus à gérer. On s’est aussi rendu compte de la fabuleuse résilience dont nos employés on fait preuve à travers le pays, en appui à notre raison d’être, et ce, dans tous nos secteurs d’activités. On a fait appel à notre monde et on leur a demandé de faire en sorte que les producteurs agricoles du Québec et du Canada ne reçoivent pas une autre tuile sur leur tête. La réponse a été immensément positive et a permis de déployer des efforts extraordinaires afin que les producteurs agricoles ne soient pas trop impactés par la crise. Nos employés sur les sites opérationnels ont été exemplaires. On a voulu à notre tour les soutenir avec un programme « on tient le fort » pour leur faciliter la vie avec, entre autres, un service de médecine à distance. C’était fondamental pour nous de reconnaître le travail acharné réalisé par nos gens. C’est grâce aux efforts de tous les employés qu’on peut non seulement passer à travers la crise, mais aussi préparer l’après et mieux rebondir. C’est ça, tenir le fort.

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

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