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Un nouveau mandat pour la Ferme de recherche

La Ferme de recherche en productions végétales de Sollio Agriculture s’attaque aux préoccupations d’aujourd’hui et de demain.

En 2021, la Ferme de recherche en productions végétales a implanté une régie biologique sur près de 25 % de ses quelque 100 ha. Cette démarche constitue une première en Amérique du Nord pour une ferme de recherche privée.

Or, nul ne peut s’improviser producteur biologique du jour au lendemain. Une période de transition est nécessaire pour parvenir à l’obtention de la certification par un organisme reconnu. 

Lucie Kablan, Ph. D., est agronome et chercheure en innovation, agriculture durable et biologique chez Sollio Agriculture. Accompagnée d’une équipe d’une vingtaine d’employés, elle coordonne la démarche scientifique pour une agriculture durable à la Ferme de recherche.

La chercheure chapeaute les étapes du passage des champs sélectionnés vers la régie biologique. « La période de transition, qui s’étalera sur trois ans, a débuté en novembre 2021, précise-t-elle. On a ensemencé la superficie désignée avec des cultures fourragères, avec pour objectifs d’améliorer la structure du sol et d’avoir une réserve en azote afin de faciliter le passage de la régie conventionnelle à la régie biologique. »

Une transition accompagnée et documentée

Pour s’assurer une transition réussie, l’équipe de la Ferme de recherche s’est alliée aux professionnels du Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique (CETAB), du cégep de Victoriaville. Ces derniers lui ont prodigué de précieux conseils quant à la reconversion vers le biologique. 

Outre le CETAB, la Ferme compte aussi travailler en étroite collaboration avec les chercheurs de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) pour déterminer les axes de recherche à privilégier une fois la certification biologique acquise. « Il s’agit de trouver des projets différents et innovants, explique Lucie Kablan. Nous ne voulons pas répéter ce qui se fait ailleurs au Québec, pour ne pas doublonner les efforts. » Le but est de créer une synergie entre les divers intervenants se dévouant à la recherche en agriculture biologique et, s’il y a lieu, de mettre sur pied des projets complémentaires.

Pour la période 2021-2023, un seul projet de recherche se déroule sur une partie des champs en transition. Ce projet, en partenariat avec l’IRDA, vise à caractériser les sols sur les plans physique, biochimique et microbiologique afin de déterminer l’évolution de leur condition au cours du passage de la régie conventionnelle à la régie biologique. Dans le cadre du même essai, l’IRDA compte aussi évaluer la vulnérabilité de différents mélanges de plantes fourragères au stress hydrique.

L’intérêt de documenter la démarche repose sur le transfert subséquent des savoirs acquis aux agriculteurs. « Nous voulons développer une offre de services spécifique à l’agriculture biologique afin de servir l’ensemble des producteurs, peu importe leur type de régie », soutient Lucie Kablan.

Un nouveau mandat 

Ce virage vers l’agriculture biologique n’a pas été entrepris à la légère. Il fait partie d’un plan plus imposant visant, d’ici 2025, à aligner complètement les orientations de la Ferme de recherche sur l’agriculture durable. 

Plusieurs facteurs ont motivé la redéfinition du mandat de l’organisation, ainsi que l’explique Maude Fournier-Farley, directrice de l’innovation et du développement durable pour le Secteur des productions végétales chez Sollio Agriculture. « Beaucoup de questionnements nous proviennent des producteurs concernant l’agriculture durable et les pratiques alternatives, dont l’agriculture biologique. Or, nous n’arrivions pas avec notre mandat antérieur à répondre à ces questions. »

Les changements sociaux ont aussi influencé la réflexion. « La transformation des marchés, le réchauffement climatique et la pression sociale nous poussent à évoluer, déclare Maude Fournier-Farley. Les consommateurs s’interrogent de plus en plus sur les pratiques agricoles. Ils se préoccupent de la façon dont ont été produits les aliments qu’ils achètent. »

Elle ajoute : « Finalement, nous voulons adapter nos projets d’innovation afin qu’ils soient alignés sur les nouvelles orientations gouvernementales, autant provinciales que fédérales. Le MAPAQ a déjà pris cette direction dans son Programme d’agriculture durable. Et nous savons que dans un horizon plus ou moins long, les producteurs auront à répondre à de nouvelles normes. En tant que Ferme de recherche, nous avons l’opportunité d’aider les agriculteurs dans leur adaptation à ces nouvelles normes. » 

Les GES dans la mire

Le projet d’implantation de parcelles en régie biologique ne représente qu’un volet de la nouvelle vision. Les gaz à effet de serre (GES) n’échapperont pas à la loupe des chercheurs. D’ailleurs, la Ferme de recherche collabore déjà avec l’Université McGill en vue de documenter l’impact de l’usage de certains fertilisants sur les émissions de GES. 

Et ce n’est que le début. D’autres projets sont également en cours d’élaboration. « Nous sommes toujours en phase exploratoire, mais nous nous concentrons sur les moyens de valoriser les réductions de GES en agriculture, que ce soit à travers les marchés du carbone ou d’autres types d’initiatives, révèle Maude Fournier-Farley. Les producteurs se demandent si Sollio Agriculture voudrait éventuellement remettre des crédits en argent pour l’application de pratiques reconnues. Puisque nous valorisons les efforts de réduction chez les producteurs, nous travaillons activement à structurer la collecte des données agronomiques qui seront nécessaires pour alimenter les protocoles de quantification sur lesquels s’appuient toutes ces initiatives. »

(Photo de Sollio Agriculture : Maude Fournier-Farley et Lucie Kablan)

Nancy Malenfant

Nancy est détentrice d’une maîtrise en gestion et gouvernance des coopératives de l’Université de Sherbrooke ainsi que d’un diplôme d’agriculture. Elle est gestionnaire des communications et du marketing numérique chez Viridis Environnement.

nancy.malenfant@sollio.coop

Nancy est détentrice d’une maîtrise en gestion et gouvernance des coopératives de l’Université de Sherbrooke ainsi que d’un diplôme d’agriculture. Elle est gestionnaire des communications et du marketing numérique chez Viridis Environnement.