4 mythes sur les CUMA
Bruno Guérard, conseiller CUMA, déboulonne quatre mythes sur les coopératives d’utilisation de matériel agricole.

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La coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) est un modèle encore méconnu au Québec. Bruno Guérard, répondant technique CUMA chez Sollio Groupe Coopératif, démythifie ce modèle qui regorge pourtant d’avantages.
Mythe 1 : « Je n’aurai jamais l’équipement au bon moment. »
Selon Bruno, secrétaire-trésorier de la CUMA de l’Érable, c’est l’une des idées préconçues les plus répandues : croire que l’équipement agricole ne sera pas disponible au moment voulu. Pourtant, dans une CUMA, les membres forment des branches d’activités pour acheter du matériel ou de la machinerie en fonction de leurs besoins réels et les utilisateurs de chaque branche font des calendriers de partage qui sont ajustés aux besoins. Cette organisation permet d’éviter la surutilisation ou l’indisponibilité de l’équipement.
Par exemple, un semoir est utilisé principalement au printemps. Comme tous les champs ne sont pas prêts au même moment et que l’opération des semis est relativement rapide avec un équipement performant, il est facile de planifier son utilisation entre les membres, explique Bruno.
Mythe 2 : « L’équipement va être brisé ou rapporté sale. »
Les CUMA fonctionnent avec des règles d’'utilisation claires et partagées entre les membres. Chaque branche dispose généralement d’un responsable qui veille à la bonne gestion et à l’entretien du matériel. Comme le souligne Bruno, : « personne Personne n’est à l’abri d’un bris d’équipement, que ce soit en CUMA ou non. Ce n’est pas le modèle qui change ça ». L’important, c’est la communication, le respect des règles établies et la responsabilisation de chacun.
Mythe 3 : « Plus on embarque dans la technologie de pointe, plus c’est compliqué. Ça prend de la formation, un opérateur, etc. »
Il est vrai que les équipements agricoles de pointe exigent souvent une formation précise pour être utilisés efficacement. Toutefois, c’est justement là que le modèle CUMA devient un atout. Lorsqu’il s’agit d’une machinerie sophistiquée, la CUMA peut embaucher ou former un opérateur qualifié qui se déplace ensuite d’une ferme à l’autre selon les besoins. Cela permet non seulement de mutualiser l’équipement, mais aussi les ressources humaines en partageant les coûts, « ce qui résout une partie des problèmes de main-d’œuvre auxquels les fermes font face », précise Bruno. Au-delà des aspects techniques, cette stratégie favorise un véritable esprit de partage et de communauté.
Mythe 4 : « C’est un vieux modèle, la CUMA! »
Pour Bruno, la CUMA est plutôt un modèle tourné vers l’avenir. « C’est comme les systèmes de voitures et de vélos partagés en ville. Les CUMA représentent la même logique de partage en milieu agricole, précise-t-il. Nées dans les années 90 au Québec, les CUMA attirent de plus en plus les jeunes de la relève. » Pourquoi? Parce qu’ils cherchent à accéder à de la machinerie performante, souvent inabordable autrement, tout en réduisant leur impact environnemental. Moins d’intrants (eau, engrais, pesticides), moins de temps de fonctionnement, plus de précision; c’est un gain en efficacité pour les fermes et un pas de plus vers une agriculture durable.
Ce n’est pas nouveau : l’accès aux ressources demeure un enjeu majeur en agriculture. Qu’il s’agisse de l’accès à de l’équipement performant ou à de la main-d’œuvre qualifiée dotée d’une expertise pointue. « La machinerie performante coûte très cher. C’est difficile de se procurer de l’équipement récent et de façon abordable pour une petite ferme », explique Bruno. En plus de coûter cher, plus l’équipement est récent et performant, plus il demande des compétences spécialisées pour l’opérer. La mutualisation des ressources est donc une réponse concrète à ces défis.
En résumé, la CUMA est un levier d’innovation et de résilience collective. Elle permet une dynamique humaine fondée sur l’entraide, le partage des savoirs et le sentiment d’appartenance à un groupe. Comme le mentionne Bruno : « Ça prend surtout une ouverture d’esprit, un sens de la communication et du collectif. Quand tout cela est réuni, les retombées en valent la peine. »
Cet article est initialement paru dans le magazine Coopérateur de septembre 2025.