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Alphonse Parent: un homme heureux

À 87 ans, l'éleveur de dindes au parcours inspirant incarne la passion, la ténacité et la sagesse.

Publié le 1 mars 2022
Reportage de ferme
Diversité
Alphonse Parent tenant un dindon
Image de Patrick Dupuis

Patrick Dupuis

Directeur et rédacteur en chef au magazine Coopérateur

Agronome diplômé de l’Université McGill, Patrick travaille au Coopérateur depuis une trentaine d’années.

Alphonse Parent – « Phonse », pour les intimes – a 87 ans bien sonnés. Il a été entrepreneur en construction, bûcheron, éleveur de poulets, de pondeuses, puis de dindes, qu’il produit depuis plus d’une cinquantaine d’années. Des oiseaux qu’il adore. « Les dindes sont intelligentes, curieuses; je peux les observer pendant des heures », dit-il.

Son regard positif sur la vie le garde alerte. C’est le secret d’une bonne santé, même si la vie est un chemin parsemé d’épines d’où jaillit, à l’occasion, une jolie fleur, dit-il, pensif.

Alphonse a du verbe, de l’entregent, de l’humour. On s’attache rapidement à lui. On prend plaisir à l’écouter raconter son parcours, solidement campé sur ses deux jambes. Un parcours jalonné de défis, d’épreuves, de joies exaltantes, ainsi que de peines profondes. Il a perdu deux fils, deux de ses 10 enfants. Et en décembre 2020, en pleine pandémie, son épouse, Georgette Nolet.

L’entretien, ponctué de réflexions, de pensées et de philosophies, fruits de son expérience de vie, a duré plus de trois heures et demie. Alphonse a une mémoire infaillible et de l’énergie à revendre.

« Ne rien faire, je ne sais pas ce que c’est, lance-t-il. Quand j’ai un problème, je le règle. » Parti strictement de rien, Alphonse a retroussé ses manches toute sa vie. Du travail et des heures de fou.

« Grand-papa, comment tu fais? » lui demandent ses petits-enfants. Il faut avancer, un peu, mais chaque jour, leur répond-il. « Je leur dis que rien n’est impossible. Il faut être tenace, poser des gestes. Et si c’était parce que vous n’essayez pas assez? » Il faut saisir les occasions. Être honnête.

Sa réputation le précède. « Ça m’aide », dit Steven, qui rencontre fréquemment des gens qui ont côtoyé son grand-père. Le jeune homme veut prendre la relève. Acheter la ferme. Construire un autre poulailler. Alphonse produit 6000 oiseaux, quatre fois l’an. Il est heureux des intentions de son petit-fils, qui est, pour le moment du moins, le seul de sa nombreuse lignée à souhaiter suivre ses pas. Un de ses fils, Raymond, s’occupe de l’élevage laitier – une autre des activités de la ferme de Saint-Georges de Beauce, en plus des cultures et de l'exploitation du boisé.

Pour Alphonse, l’argent n’est pas une fin, mais un moyen. Il n’en manque pas et n’hésite pas à l’investir. Un robot de traite Alpha Laval de 250 000 $ est une de ses récentes acquisitions. Il pose un regard admiratif sur l’appareil, fasciné par son fonctionnement et sa technologie. « Avec tout ce que ça apporte, ce n’est pas si cher que ça », dit-il. Son cheptel compte 40 vaches, dont 28 en lactation.

Il faut savoir compter, résume celui qui récupère à peu près tout. « Un simple taraud peut te sauver la vie », dit-il en se penchant pour en ramasser un à ses pieds. « On ne sait jamais. »

Alphonse est natif de Saint-Zacharie, petit village de la Beauce situé à la frontière du Maine. En septembre 1942, il commence l’école. En 10e année, il est pensionnaire dans un établissement que dirigent des frères. « Mes parents n’étaient pas instruits, mais travaillants, dit-il. Ma mère voulait que je fasse un curé. » Or l’avenir en décidera autrement.

L’ardeur au travail

À 17 ans, il commence à bûcher au bois. « Je pesais 108 lb et je portais une chainsaw de 50 lb. » En 1956, à 21 ans, passionné par la volaille, il se met à élever des poulets : 4000 oiseaux, qui seront 9000 après quatre ans. De toutes races. Il faut alors 10 semaines et 10 lb de moulée pour amener un poulet au poids de 3 ¼ lb. Il fait 13 ¢ du poulet.

À l’époque, les plans conjoints n’existent pas. À 27 ans, sans le sou, il abandonne à contrecœur la production et se lance dans la construction, un entrepreneur le prenant sous son aile. Il installe des coffrages et des fondations. Des maisons. Un centre commercial. Un hôpital. D’innombrables fosses à fumier. Il a parcouru le Québec.

Mais son rêve d’élever de la volaille ne l’a jamais quitté. Avec son épouse, il achète sa ferme en 1961, pour 5000 $. Son beau-père le cautionne pour une somme de 1000 $. « Quand ma demande de prêt pour mon poulailler a été acceptée, ça m’a fait autant plaisir que quand ma femme m’a dit oui à ma demande en mariage! » dit-il.

« À une époque, on me refusait une demande de prêt de 1000 $. Je devais emprunter de l’argent à 2 % d’intérêt par mois. Maintenant, on me prête ce que je veux. Pour savoir ce que quelqu’un a dans le cœur, regarde-le dans les yeux, pas dans son compte de banque. »

Il a au début une dizaine de vaches, qu’il trait à la main. La brucellose aura raison de son troupeau. Il le repeuplera en achetant des taures. En 1970, il construit le poulailler dont il rêve. Le 23 novembre, 6000 dindes y font leur entrée. Les plants conjoints et les quotas sont instaurés le mois suivant. Il se fait 50 ¢ par dinde, quelque 3000 $ par élevage. Cinq ans plus tard, il commence en outre à élever des pondeuses. Il s’adonnera à cette production jusqu’en 1981, l’effondrement du bâtiment y mettant un terme.

En 1976, il lui en coûte 350 $ d’épicerie par semaine pour nourrir ses 10 enfants. Alphonse travaille alors pour deux. Les soins aux animaux matin et soir, les chantiers de construction le reste du temps. Il échange même quelques biens contre de l’argent pour arrondir certaines fins de mois. « Quand tu veux, tu peux, dit-il en connaissance de cause. L’agriculture, c’est pas une job, c’est une vocation. »

Expertise de longue date

« La dinde, c’est facile à faire, dit Alphonse. Ça fait plus de 50 ans que je les pars moi-même. Après leur arrivée, je vais les voir toutes les heures, jusqu’à 22 h. Le lendemain, dès 5 h du matin, je suis là pour vérifier comment elles vont. »

« Ça demande beaucoup d’attention au départ, dit Marie-Michèle Gagnon, agronome, experte-conseil en production avicole chez Avantis Coopérative. Eau, moulée, chaleur, ventilation ajustée à la perfection : Alphonse s’assure que ses dindes ne manquent de rien. Le poulailler est chauffé au bois, ce qui permet de réduire la quantité de C02 dans l’air ambiant, un gaz auquel les dindes sont très sensibles. »

Alphonse Parent dit souvent que l’air, ça ne coûte pas cher! Il s’assure que les dindons ne manquent pas d’oxygène, surtout dans la période critique du départ, en ouvrant les entrées d’air. Selon lui, économiser sur le chauffage n’est pas payant en fin de compte. Ses performances techniques le prouvent. Il place des ronds de carton sous les éleveuses, qui permettent de limiter les possibles entassements des dindonneaux, et suit de près la température à l’aide de thermomètres et de son œil aiguisé.

La façon dont les oiseaux se comportent en dit long sur leur confort. Pendant les premiers jours, l’éleveur leur fournit de l’eau dans des cruches et de la moulée à la main, qu’il puise dans de petites trémies. Il leur offre également du gravier, qui favorise la conversion alimentaire et prévient les effets néfastes des copeaux de bois (ripe) sur leur système digestif.

Un boisé de 100 ha alimente la chaudière du poulailler. Avec un potentiel de plus de 5000 cordes, c’est un petit trésor, dans lequel Alphonse peut puiser au besoin. Il en tire aussi de belles planches, à l’aide de la scierie qu’il a aménagée à la ferme.

Les épreuves et la maladie ont laissé leurs traces sur cet homme bienveillant. Il sait que les choses tourneront pour le mieux. Devant sa résilience et son courage, ses médecins, et bien d’autres aussi, lui ont souvent suggéré d’écrire sa vie, pour encourager les jeunes. Il y songe… « La vie est courte, dit-il. Je n’ai pas de regrets, pas de “j’aurais dû”. »

Longue vie, Phonse!

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