En partenariat avec SOCODEVI, Sollio Groupe Coopératif et Agropur participent depuis plusieurs années à l’établissement de coopératives agricoles en Ukraine. On s’en doute, la guerre qui y fait rage depuis le 24 février ne les a pas laissées intouchées.
Deux initiatives de SOCODEVI étaient en cours avant le déclenchement des hostilités, dans les provinces de Lviv et de Dnipropetrovsk, et au Donbass.
Les actions de SOCODEVI
Aussitôt que l’invasion a commencé, SOCODEVI a exécuté son plan d’évacuation pour que les personnes travaillant dans l’est du pays se démobilisent et se déplacent vers l’ouest. Dans l’immédiat, si les activités des initiatives coopératives sont à l’arrêt, tous les membres se dédient à des services humanitaires, essaient d’aider des gens à retrouver une certaine sécurité ou participent au renforcement de la production agricole, par exemple dans le lait. « La plupart des gens de nos équipes se disent en sécurité, mais ils sont tous très actifs. Ils nous envoient des photos du travail humanitaire qu’ils font. Certains travaillent dans des cliniques pour les soins médicaux », ajoute François Dionne, directeur du programme international de SOCODEVI.
Le soutien financier et matériel de SOCODEVI s’est également accentué à travers des initiatives d’aide humanitaire permettant l’envoi et la distribution de biens essentiels nécessaires, comme des couvertures ou de la nourriture, aussi loin qu’à Dnipro. « En Ukraine, il y a de moins en moins de choses sur les marchés locaux et, quand c’est disponible, les prix explosent, précise Jean-Philippe Marcoux, directeur général de SOCODEVI. C’est plus avantageux de s’approvisionner sur le marché international ou limitrophe et d’importer dans le pays où il y a des troubles. »
Les défis de la chaîne d’approvisionnement
Pour la plupart des producteurs agricoles ukrainiens, le défi actuel est surtout de maintenir la production. Si les producteurs laitiers continuent à traire leurs vaches, leurs usines de transformation, elles, ne sont plus en fonction. Il n’en reste qu’une encore en activité, ce qui ne suffit évidemment pas. Résultat, le lait est jeté. « On essaie de canaliser le plus possible le lait vers l’ouest, puisque, sinon, il n’y a pas du tout de rentabilité. Les fermiers n’ont plus de revenus dans le secteur du lait », nous dit François Dionne. SOCODEVI tente actuellement de leur acheminer du matériel pour transformer le lait directement à la ferme, l’objectif étant d’assurer aux producteurs des moyens de subsistances.
Dans le Donbass, la production maraîchère de la coopérative est complètement à l’arrêt. On ignore quand et si elle pourra reprendre. « Les communautés où on avait des coopératives ont été complètement ravagées par la guerre, ajoute le directeur, donc tout ce qui est des initiatives dans le maraîcher est tombé à l’eau pour l’instant. »
Pour ce qui est de la production de grains, l’élévateur à grains construit dans la région de Dnipro, entre autres avec l’aide de Sollio Groupe Coopératif, est toujours en activité. Ceci dit, les environs ont commencé à être bombardés, donc on ignore jusqu’à quand ce sera encore possible. « L’union des coopératives responsable du grain pour cette région fournit du capital en avance aux producteurs pour qu’ils puissent avancer et acheter des semences pour la prochaine année », précise François Dionne. Les semences font d’ailleurs partie des listes de matériels à acheminer depuis l’extérieur du pays quand c’est possible. Cependant, et bien que la saison laisse croire que plusieurs producteurs pourront semer, rien ne garantit que la culture puisse se faire. Pour récolter le blé en Ukraine, on utilise de la grosse machinerie qui consomme une grande quantité de carburant, ajoute François Dionne. Or, le carburant est déjà rare. Le restera-t-il? Les producteurs pourront-ils récolter leurs champs à la fin de la saison? C’est l’incertitude.
Voir plus loin que la destruction
Quand on regarde tout cela et qu’on voit la guerre et la destruction, et considérant tous les efforts, l’argent et le temps des volontaires fournis par SOCODEVI et son réseau de soutien, on peut se décourager. Toutefois, François Dionne dit qu’il faut « se rappeler qu’en 2008, le secteur coopératif était mal vu en Ukraine. Grâce à Sollio et aux autres partenaires, on a réussi à faire changer la mentalité coopérative dans le pays et on a même participé à la modification de la loi coopérative. Donc, ça, ça reste. Et le travail des équipes de nos services d’extension, de Sollio et de SOCODEVI a aidé à créer un mouvement coopératif fort et très actif actuellement dans la guerre. Ça va amener énormément de résilience. Donc, oui, c’est décourageant, mais grâce aux valeurs qu’on a su partager ensemble, il y a de l’espoir pour la suite. »
