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COVID-19 : Produire des oeufs en toute sécurité

André Normand, président de VIVACO groupe coopératif, élève, en colonies enrichies, 30 0000 poules pondeuses d’œufs de consommation, à Saint-Valère. « On a rehaussé la rigueur. »

Nous n’avons pas d’employés à temps plein, mais lorsque je m’absentais pour des réunions, une employée venait prêter main-forte à la ferme, dit-il. C’était avant la crise. Aujourd’hui, l’employée ne peut plus se présenter. Ce sont nos quatre enfants qui prennent la relève, deux à deux, à tour de rôle.

Sa conjointe Véronique a également commencé l’école à la maison, à raison d’une à deux heures par jour. L’aînée, Maxim, en secondaire 5, se discipline d’elle-même, alors que les jumeaux, Dylan et Dérek, en 2e secondaire, et la plus jeune, Léa, en cinquième année du primaire, ont besoin d’un peu plus de supervision et d’encouragement! Soulignons que Dérek, depuis que les classes sont interrompues, n’a pas manqué un seul matin au pondoir!

En matière de biosécurité, la Ferme A.V. Normand inc. appliquait déjà des mesures strictes propres à ce secteur d’activité. Des zones de biosécurité bien délimitées étaient déjà en place. En entrant dans le poulailler, on se lave les mains au savon et on enfile les vêtements de travail appropriés. À la sortie, on remet les vêtements que l’on portait avant d’entrer et on se relave les mains au savon. Toutes les poignées de porte sont régulièrement désinfectées.

Les transporteurs qui viennent récupérer les œufs à la ferme doivent, comme toujours, appliquer les règles de biosécurité. Port de chaussures jetables, désinfection des mains, respect des zones de biosécurité. « Les alvéoles qu’ils nous fournissent sont lavées au désinfectant avant que l’on y dépose nos œufs, souligne André Normand. On essaie de tenir la barre haute. Jusqu’à maintenant, on n’a pas eu de problème de contamination. »

« Notre expert-conseil, Alain Guillemette, ne nous rend plus visite, poursuit le producteur. Nos ‘’rencontres’’ se font au téléphone. Il a accès à nos données de production et nous fait les recommandations nécessaires. S’il doit absolument se rendre dans une exploitation, il le fait en l’absence du producteur, puis communique avec lui par la suite. Il ne prend aucun risque. »

Les normes de biosécurité au Canada sont très élevées, souligne l’éleveur. La rigueur est de mise. Les producteurs en font tous un peu plus pour assurer la santé de leur famille et des élevages. « Ce sont des habitudes qu’on va continuer de pratiquer même quand la crise sera passée », indique le président de Vivaco.

En ce qui a trait à la vente des œufs à la ferme, André Normand n’a que de bons mots envers sa clientèle qui respecte rigoureusement les consignes sanitaires et de distanciation sociale. « Les gens déposent leur argent comptant dans un plat, et nous, on met cet argent en quarantaine pendant une semaine pour s’assurer que les virus qui pourraient être présents sur les billets ou pièces de monnaie ne soient plus actifs. Puis, encore une fois, les poignées de portes et tables où l’on manipule les œufs sont désinfectées. On a rehaussé la rigueur partout. »

Avec les animaux, nos pratiques comme telles n’ont pas changé, poursuit l’éleveur. Dans les bâtiments, il y a déjà des zones que personne ne peut franchir, sauf nous. On sait que le virus ne voyage pas par les airs. Et que, jusqu’à preuve du contraire, il ne semble pas y avoir de transmission de l’humain vers l’animal, note André Normand. Mais il ne faut pas relâcher la garde.

Outre les entreprises avicoles, toute la chaîne est touchée, de la production jusqu’au détail, en passant par l’abattage, indique André Normand. Par exemple, les œufs de calibre petit et les œufs fêlés qui sont acheminés au décoquillage, une fois libérés de leur coquille, s’accumulent en raison d’une demande presque interrompue du secteur de la restauration et de l’hôtellerie, notamment, où on les utilise pour fabriquer divers produits de boulangerie. Pour la même raison, les œufs de grosseur moyenne (idéal pour les déjeuners) ne trouvent plus preneur dans les restaurants, presque tous fermés. Et puisque les gens cuisinent davantage, les œufs de calibre gros et extra gros, les préférés des consommateurs, sont parfois en rupture de stock en épicerie. On doit donc tenter de les convaincre de se rabattre en partie sur les œufs de grosseur moyenne, tout aussi bons, bien sûr, et moins chers. « C’est tout un défi pour l’industrie. Le monde change et est appelé encore à changer », souligne André Normand.

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est directeur et rédacteur en chef au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis une trentaine d’années.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est directeur et rédacteur en chef au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis une trentaine d’années.

patrick.dupuis@lacoop.coop