
Photo : Gracieuseté de La Coop Purdel
« Ma fille, si tu veux que les choses changent, implique-toi. Si tu veux que ça bouge, dis ce que tu as à dire pour que ça arrive. » Ces conseils, souvent évoqués par son père, Nancy Lavoie ne les a jamais tenus bien loin de sa pensée. Aujourd’hui productrice d’ovins et de bovins ainsi que copropriétaire des Productions Aux quatre vents, entreprise située à Saint-Ulric (Bas-Saint-Laurent), elle a toujours choisi l’implication dans le milieu agricole comme moyen de prédilection pour faire valoir ses convictions.
Première femme de l’histoire de La Coop Purdel, et la seule à ce jour, à occuper un poste de vice-présidence (elle est deuxième vice-présidente du conseil d’administration), Nancy Lavoie avait un chemin tout tracé pour laisser sa marque dans sa région.
Toute une vie à la ferme
Quand on lui demande ce qui l’a d’abord attirée vers la production ovine, Nancy Lavoie répond que « c’est toute une histoire! » Et ça tombe bien, parce qu’on aime les bonnes histoires!
Nancy a grandi à Saint-Ulric, dans la ferme de ses parents (la Ferme Marius Lavoie), qui produisait du bovin de boucherie. La vie à la ferme a de toute évidence été belle. Au collégial, Nancy a étudié en électronique industrielle, de 1993 à 1996. C’est à cette période qu’elle a rencontré Steve Côté, qui, lui, étudiait en gestion et exploitation d’entreprise agricole. Ils se sont mariés en 1999 et ont eu deux enfants.
Pendant près de 10 ans, ils ont habité à Val-Brillant, dans la vallée de la Matapédia, où les parents de Steve possédaient une ferme laitière. Nancy, qui travaillait dans le commerce de détail, trouvait difficile de concilier sa vie familiale et sa vie professionnelle. « Un jour, je serai mon propre patron », se disait-elle.
Comme le transfert de ferme du côté de la famille de Steve n’a pas fonctionné, le couple s’est tourné vers Saint-Ulric, où le père de Nancy commençait à penser à vendre son exploitation.
« La production bovine ne nous attirait pas vraiment, explique Nancy Lavoie. C’est une production différente de la production laitière, à laquelle nous étions habituées, et le rythme ne nous convenait pas. C’est pourquoi on a loué un bâtiment à mon père et on s’est acheté, en 2007, 70 brebis. »
Tombés amoureux du comportement de cet animal, Nancy et Steve sont devenus propriétaires des Productions Aux quatre vents, entreprise située sur le terrain du père de Nancy. Aujourd’hui, ils ont 40 vaches de boucherie et 600 brebis. Et ils ont été deux fois finalistes au concours Tournez-vous vers l’excellence, de La Financière agricole du Québec.
Une femme d’action
En 2018, Albertine Ouellette, qui était alors administratrice à La Coop Purdel, a tendu la main à Nancy Lavoie pour qu’elle la remplace au conseil d’administration.
Depuis 2008, Nancy s’impliquait dans le syndicalisme agricole; elle était passée de secrétaire à présidente en quelques années. Elle a aussi été administratrice à la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, puis au Syndicat des producteurs d’ovins du Bas-Saint-Laurent.
Elle avait les connaissances, les compétences et la volonté nécessaires pour relever ce nouveau défi à La Coop Purdel.
Depuis, le conseil a fait d’elle sa deuxième vice-présidente et l’a nommée à la Table de concertation bioalimentaire du Bas-Saint-Laurent (Table qui, à son tour, l’a nommée vice-présidente).
Pour le futur du monde agricole, Nancy souhaite que « les producteurs continuent de s’impliquer, afin de montrer aux élus des gouvernements l’importance d’avoir des filières complètes en région ». Elle espère un retour à l’occupation dynamique des territoires par les producteurs agricoles, pour que les régions soient plus autonomes et plus proches des consommateurs. « Il faut réduire l’écart entre le consommateur et le producteur; il faut faire comprendre au consommateur la réalité du producteur. »
Tournée vers l’avenir
Dans un avenir rapproché, Nancy et son mari souhaiteraient impliquer de plus en plus leur fils Pierre-Luc dans la ferme. Il a récemment terminé son DEP en boucherie de détail au centre de formation professionnelle de Rivière-du-Loup.
Leur projet : ouvrir un atelier de découpe à la ferme, pour transformer l’agneau et le bœuf sur place et le vendre directement au consommateur. Un projet mobilisateur pour toute la famille!
Comme quoi, avec de la volonté, on peut partir de zéro et se rendre loin!