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Endettement, partie 1 : « Les actifs ne font pas les paiements »

En affaires, l'endettement est inévitable, voire nécessaire: mise à niveau technologique, équipements, terres, bien-être animal. mais utilisé à l'excès, il devient un jeu dangereux, anxiogène. Beaucoup d'agriculteurs en paient lourdement les frais. pour éviter de tomber dans le piège, ou pour s'en sortir, voici quelques conseils de producteurs bien avisés.

À la Ferme M.B. Pelletier, située à Kamouraska, l’expansion du troupeau et le passage à la traite robotisée se sont échelonnés sur quelques années. L’intégration de la relève et le confort du troupeau et de ses propriétaires – les frères Mario et Bernard Pelletier, et le fils de Mario, Patrick – étaient les principaux objectifs visés. Le projet se résumait à construire une nouvelle étable, installer deux robots et produire de 170 à 180 kg de quota. Coût total évalué par la société d’ingénierie : 1,8 million $.

« On avait bien sûr des dépenses d’intrants, d’entretien des bâtiments, de machinerie, etc., mais aucune dette à long terme », souligne Patrick, jeune producteur de 28 ans, expert-conseil chez Avantis Coopérative, qui travaillera bientôt à temps plein à la ferme. « La vieille bâtisse de 60 places était utilisée au maximum de ses capacités. Les vaches ne parvenaient plus à y donner leur plein potentiel. Il fallait investir pour leur offrir plus de bien-être. »

On commence, en 2016, par l’aménagement d’une fosse à fumier. L’année suivante, on s’attaque à la construction de l’étable. « On a économisé en main-d’œuvre en mettant la main à la pâte, note le producteur. Faire poser de la laine minérale ou faire visser de la tôle à 60 $ l’heure, ça n’a pas de sens. On a aidé l’entrepreneur, qui travaillait vite et bien. »

Il poursuit : « On n’a pas refait la laiterie, qui était encore fonctionnelle, ni la grange à taures. Ça aurait été beau, mais pas de flafla – le paraître coûte cher et ne fait pas produire plus. Toutefois, on a investi 120 000 $ dans le confort (matelas, tapis, brosses, etc.) pour produire plus. » Résultat : des économies de 500 000 $. Coût final : 1,3 million $.

Le jeune repreneur de la Ferme M.B. Pelletier ne se fait pas de mauvais sang à la vue des factures d’alimentation; il vise la productivité et une marge élevée. « L’important n’est pas ce que ça coûte, mais ce qui reste, dit Patrick. Une production élevée, de bonnes composantes et la santé du troupeau sont les priorités. Livrer le quota avec le moins de vaches possible est un objectif, tant pour des raisons économiques que pour diminuer la charge de travail – et ce, même si les deux robots à la ferme ont beaucoup de “temps libre”. » Les 70 vaches produisent 115 kg de quota, dont on fait encore l’acquisition chaque mois. 

Même avec le solde résiduel dont il dispose, et une entreprise d’une valeur marchande d’environ 8 millions $ (« les actifs ne font pas les paiements », précise-t-il), Patrick fait des prévisions budgétaires.

En 2020, le moment était venu de remplacer le tracteur, payé 85 000 $ il y a 20 ans. « Il avait été bien entretenu, et on l’a vendu 55 000 $, dit le jeune producteur. On en a acheté un de 250 000 $ – payé en bonne partie comptant, et avec un peu de marge de crédit. Mais un tracteur, ça ne paie pas l’étable. On a toujours été très raisonnables et prudents avec l’achat de machinerie. C’est trop facile de s’embarquer dans des paiements qui, au final, doivent être absorbés par la même paie de lait. »

Cette année, Patrick commence à racheter la part de son père. Ce dernier, en ne lui exigeant pas des montants irréalistes, s’assurera que la ferme pourra conserver sa liberté financière. 

Les principaux conseils de Patrick? Négocier avec les fournisseurs de matériaux et équipements avant de se lancer dans un gros projet. Exécuter les projets un à un, en partie soi-même. Ne pas voir trop grand trop rapidement. Attendre que le compte soit rendu au montant requis. Bien mesurer sa capacité de remboursement et ne pas se lancer dans les emprunts pour la simple raison que l’on possède les garanties et que le prêt nous a été accordé. Et surtout, ne pas se comparer. « J’aime l’agriculture, c’est vraiment une passion pour moi, mais pas au point de passer ma vie dans la pauvreté, en devant tout ce que j’ai à une institution financière. Je veux un rythme de vie convenable », conclut-il.

Lire l’article complet dans l’édition de mai-juin 2021 du Coopérateur.
 

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop