C’est plus de 80 participants qui ont assisté au Forum des ambassadeurs et des ambassadrices, le 2 décembre dernier. L’événement en ligne a réuni des ambassadeurs, des membres des conseils d’administration et des dirigeants du réseau, le temps d’une conférence de Claude-André Guillotte sur la plus-value coopérative dans le milieu agricole.
Les grandes tendances
Le conférencier, directeur de l’Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et mutuelles de l’Université de Sherbrooke (IRECUS) a d’abord présenté plusieurs tendances qui touchent le milieu coopératif agricole.
Il a d’abord signalé que 94 coopératives agricoles encore en activité ont été créées depuis 2010. Pour la majorité d’entre elles (80,9 %), le mode de constitution a été un démarrage sans activités commerciales préalables. 10,6 % des coopératives seraient quant à elle nées d’une conversion (comme une entreprise à actions transformée en coopérative) et 8,5 % d’une fusion (comme Agriscar Coopérative et La Coop Purdel devenues Unoria Coopérative).
La répartition de la relève agricole selon le mode et la période d’établissement dans la dernière décennie a par la suite marqué l’imaginaire des participants. « On voit de plus en plus de démarrages de nouvelles entreprises agricoles, et on voit de moins en moins de transferts familiaux et non apparentés », constate le conférencier à partir de statistiques de la Financière agricole du Québec (FADQ).
En 2016 et 2021, environ 41,5 % des transferts étaient familiaux, par rapport à 70 % il y a 10 ans. En 2021, les démarrages représentaient plutôt 46 % par rapport à 25 % 10 ans plus tôt. « Il y a une tendance lourde. Les démarrages se font de moins en moins dans les transferts familiaux », commente Claude-André Guillotte.
Il est ensuite passé à la santé mentale en mentionnant une étude faite auprès d’agriculteurs dans le Midwest américain. L’étude aurait démontré que le score moyen de stress perçu par les producteurs agricoles membres d’une coopérative est inférieur à celui des participants aux programmes non coopératifs*. « Si vous êtes membres d'une coop et que vous utilisez les services et les programmes offerts, le stress perçu est significativement moindre », explique le conférencier. Le niveau de satisfaction à l’égard des programmes d'une coopérative aurait ainsi un impact sur la réduction du stress et des symptômes de dépression perçus.
Or, pour bénéficier de cet atout, encore faut-il que les membres profitent des services de leur coopérative. Cela amène donc à mentionner l’engagement des membres et l’importance de travailler au renforcement de la communauté.
Un projet associatif fondamental à la viabilité économique
C’est l’engagement des membres et la communauté qui font vivre la coopérative. Le projet associatif serait d’autant plus important qu’il est intimement lié à la viabilité économique de la coopérative.
Ainsi, la raison d’être, la vitalité associative, la gouvernance démocratique et l’ancrage de la coopérative déterminent la proposition de valeur aux membres, les produits et services offerts, les opérations, les ressources financières, qui eux-mêmes donnent les moyens de la réalisation de la mission de la coopérative.
« Une coopérative, c'est à la fois un projet économique et social, explique Claude-André Guillotte. L'association va déterminer l'entreprise, ce qu'elle va offrir et comment elle doit faire ses opérations, pour être capable de réaliser la mission de l'organisation. Et non l'inverse. Les producteurs et les membres, leur rôle, sur le plan associatif, est aussi important que sur le plan économique. »
« Si la coop organise une activité, ajoute le chercheur, on va entendre des remarques comme : “Pas d'activité. Versez-nous une ristourne à la place, parce que c'est dur à la ferme.” Mais peut-être que si participer à des activités de notre coopérative réduit le stress et amoindrit les symptômes, on va considérer que le rôle de la vie associative est important à maintenir. »
« La coopérative est à deux volets : l'association et l'entreprise. On est bons pour gérer des entreprises. L'école de gestion est pleine de profs et d’étudiants. Mais qu'est-ce qu'on fait pour gérer notre association, nos personnes et nos relations? Le programme des ambassadeurs et des ambassadrices est le pas à franchir. C'est à vous maintenant de l'orchestrer », conclut Claude-André Guillotte.
Les objectifs du Forum des ambassadeurs et des ambassadrices
Richard Ferland, président de Sollio Groupe Coopératif, a profité d’une tribune lors de l’événement pour souligner l’importance du programme des ambassadeurs et ambassadrices afin de renforcer le sentiment d’appartenance au sein des coopératives et de favoriser la proximité avec les membres.
Il a été suivi de Stéphane Forget, vice-président principal aux affaires publiques, à la coopération et à la responsabilité d’entreprise, chez Sollio Groupe Coopératif, qui a rappelé les objectifs du programme des ambassadeurs et ambassadrices, soit dynamiser la vie démocratique et associative dans le réseau, tout en assurant la pérennité de la culture coopérative et du modèle d’affaires distinctif de la coopérative.
Dans ce cadre, le rôle des ambassadeurs et ambassadrices est d’être porteurs et porteuses de la culture coopérative dans les communications avec les autres membres de la coopérative, et de contribuer à augmenter un sentiment de proximité entre les membres et leurs coopératives. Le Forum des ambassadeurs et des ambassadrices est l'activité annuelle qui permet de réfléchir à ce rôle. Il s’inscrit dans le programme des ambassadeurs et des ambassadrices, qui est chapeauté par l'équipe des Affaires coopératives de Sollio Groupe Coopératif.
*À noter que les participants aux programmes coopératifs cités dans cette recherche étaient principalement des agriculteurs expérimentés de grandes exploitations céréalières, alors que de nombreux participants aux programmes non coopératifs étaient des agricultrices débutantes qui cultivaient des légumes à petite échelle et d’autres cultures spécialisées.
L’engagement des membres et la communauté
Selon les recherches mentionnées par Claude-André Guillotte, trois facteurs influenceraient l’engagement des membres :
- L’alignement entre les objectifs des membres et de la coopérative.
- La confiance
- La communication
Pour renforcer la communauté de membres, six grands axes ont été mentionnés :
- Partage du savoir-faire
- Implication dans les activités de la coopérative
- Communications (bulletins d’information, magazine ou revues spécialisées, courriels, infolettres)
- Activités ouvertes aux familles des membres
- Événements où les membres peuvent connecter
- Lieux de socialisation