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Les voix féminines

Administratrice au conseil d’administration de Sollio Groupe Coopératif, Sophie Gendron supervise le Plan d’action pour une représentation équitable des femmes dans la gouvernance du réseau. Elle lance un appel à toutes et à tous pour atteindre les objectifs de gouvernance. 

« On souhaite avoir 30 % de femmes en 2025 chez Sollio Groupe Coopératif, affirme Sophie Gendron. La seule façon d’y arriver, c’est qu’il y ait plus de femmes dans les conseils d’administration [CA] des coopératives, parce que pour être administratrice chez Sollio, il faut être administratrice dans notre région depuis au moins trois ans. C’est la partie la plus importante pour qu’on puisse atteindre notre objectif : que tout le monde, toutes les coopératives et tous les administrateurs prennent part à l’effort de recrutement. »

Bien que les femmes représentent près de 30 % des propriétaires détenant des parts d’une entreprise agricole, elles n’étaient en 2021 que 20,5 % à siéger à un conseil d’administration au sein des coopératives du réseau. Pourtant, il a été largement démontré que la présence des femmes au sein d’un CA augmente la performance financière des entreprises, facilite la rétention des talents, favorise l’innovation et augmente de façon substantielle l’efficacité du CA. « Les avantages de la présence féminine dans les CA est claire, indique Andréa Renaud, directrice des affaires coopératives chez Sollio Groupe Coopératif. Les femmes et les hommes gèrent les affaires différemment. Elles amènent une diversité d’opinion et une complémentarité d’expertise. » 

Alors que le prochain Colloque d’automne des coopératrices, qui se tiendra les 21 et 22 novembre prochains, lance ses inscriptions, le Coopérateur fait le point sur la situation en 2022. Qu’est-ce qui fait obstacle à l’implication féminine aujourd’hui, et comment l’améliorer?

Des freins...

Quelques défis continuent à freiner la présence féminine dans les CA. Dans tous les sondages menés par Sollio auprès des femmes du réseau, un facteur en particulier se démarque : la charge familiale. 

Les femmes assument souvent la responsabilité des enfants et supportent une importante charge mentale en matière de gestion de la maison et de la famille. Par manque de temps, elles arrivent difficilement à s’impliquer, et elles disent qu’elles s’impliqueront quand les enfants seront plus vieux et qu’il y aura moins à faire avant de partir pour une rencontre du CA.

Autre frein à l’implication féminine : le syndrome de l’imposteur. Difficile de se débarrasser de cet importun, qui continue à miner la confiance en soi d’éventuelles candidates. Les femmes auraient en effet tendance à attendre d’être « prêtes » et parfaitement compétentes avant de poser leur candidature, alors que les hommes se lancent quand ils maîtrisent seulement 20 % des compétences!

« On a souvent l’impression, nous les femmes, qu’on n’a pas les compétences, qu’on n’est pas assez bonnes pour faire ce travail-là, affirme Jeannine Chartrand, présidente de Covris Coopérative. On se dit qu’on va aller faire un cours pour pouvoir un jour être assez bonnes pour siéger à un conseil d’administration. Moi, mon message, c’est que cette perception-là n’est pas vraie. C’est une fois qu’on accepte d’y aller qu’on reçoit énormément de formation et qu’on développe nos compétences. Et il n’y a jamais personne qui sait tout dans tous les domaines. »

C’est en partie parce que les femmes sont sous-représentées dans les postes de haute direction que le syndrome de l’imposteur se manifeste. Apparemment, plus il y aurait des modèles à suivre, plus la représentation féminine serait au rendez-vous.

Des accélérateurs!

« Les femmes qui ont eu un modèle de leadership dans leur vie, comme une mère, une amie ou une collègue, ont tendance à foncer davantage », indique Andréa. C’est dire à quel point il est important de parler des femmes qui ont un parcours inspirant! Avoir des collègues productrices et administratrices, voir des femmes prendre part aux instances décisionnelles, savoir que Sollio Groupe Coopératif a une première vice-présidente, lire des portraits féminins dans votre Coopérateur ou encore partager un moment durant une journée Femmes et coopération pour rencontrer d’autres coopératrices impliquées, voilà qui aide à réaliser que c’est possible pour toutes. 

« Il faut en parler! affirme Jeannine Chartrand. Il faut dire qu’on est fière de ce qu’on fait, et ça va peut-être inciter d’autres personnes à s’impliquer. Il n’y a personne qui va le dire à notre place, qu’on est contente, qu’on est peut-être la seule femme, mais que ça ne veut pas dire qu’on n’est pas capable de faire cette job-là. Il faut juste se dire que ça se peut. »

L’autre stratégie la plus efficace pour favoriser la représentation des femmes dans les CA serait la recherche active de relève féminine, en ciblant des candidates quand un poste se libère, en cognant à leur porte et en les invitant à poser leur candidature. Les experts-conseils peuvent aussi être mis à contribution pour voir si, dans leur région, une personne se démarque et aurait envie de s’impliquer. 

Les outils informatiques sont également considérés comme des atouts pour favoriser la participation. Tout le monde le sait, la pandémie a bouleversé les habitudes technologiques. Pour les conseils d’administration, les changements se sont surtout traduits par des rencontres à distance. S’il est impossible, pour l’instant, d’évaluer l’impact que cette nouvelle réalité aura sur les candidatures soumises au conseil, il est légitime de se demander si certaines personnes pourraient se laisser séduire par cette approche, qui demande moins de déplacements en dehors de la ferme. Grâce aux outils technologiques, il est plus facile de placer deux heures de rencontre dans une journée où il y a la traite, les enfants à amener à la garderie, la préparation des repas, la gestion des comptes, l’alimentation du troupeau, etc., qu’un déplacement d’environ six heures! 

La beauté d’un CA

Être administratrice est enrichissant et très formateur. Impossible de tout savoir dès le départ, et ce n’est pas ce à quoi les futures et futurs collègues s’attendent de toute façon. Dans un CA, chaque personne apporte sa contribution. « La beauté d’un conseil d’administration, affirme Sophie Gendron, c’est qu’on met les forces de tout le monde ensemble. Donc, certains sont plus forts dans un domaine et d’autres dans un autre. Aller chercher les forces de chacun, c’est ce qui fait la force d’un conseil, et l’apport des femmes est important là-dedans! » 

Mesdames, si l’aventure vous interpelle, on ne saurait trop vous le dire : osez!

Sur la photo de gauche à droite : Andrea Renaud, Sophie Gendron, Jeannine Chartrand

Stéphanie McDuff

Stéphanie est Rédactrice et chef de la production numérique pour le Coopérateur. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal, elle est détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études littéraires. 

Stephanie.McDuff@sollio.coop

Stéphanie est Rédactrice et chef de la production numérique pour le Coopérateur. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal, elle est détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études littéraires.