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L’envie de se dépasser dans le sport

Crédit photo : Christophe Champion

Les producteurs agricoles travaillent, pour la plupart, sept jours sur sept et souvent plus de huit heures par jour. Comment expliquer que certains d’entre eux parviennent, en plus, à relever des défis aussi exigeants qu’un entraînement pour un marathon, un triathlon ou encore une compétition Ironman? Le Coopérateur a parlé à des productrices et producteurs qui ont eu cet appel du dépassement de soi.

 

Jocelyn Parent : courses à obstacles

Crédit photo : Christophe Champion

Sans la remise en forme qu’il a entreprise il y a quatre ans, Jocelyn ne sait pas s’il serait encore producteur laitier. Il était depuis deux ans en pleine transition (d’un troupeau Holstein vers des Jersey) et les complications se multipliaient à sa Ferme Parlonlait. En plus, un mal de dos le tenaillait – rien pour lui donner envie de se pencher deux cents fois par jour pour la traite.

Son médecin lui recommande alors de se remettre à l’exercice, un bon moyen de maîtriser son mal de dos et de réduire la petite bedaine de la quarantaine. Plus jeune, Jocelyn s’était toujours entraîné, mais la réalité d’être entrepreneur à 20 ans et l’arrivée de ses quatre enfants l’avaient contraint à délaisser le sport, qu’il avait pratiqué au niveau élite.

Grâce à un gymnase nouvellement ouvert dans son coin, à Sainte-Martine, Jocelyn s’est mis au Max Fitness, qui s’apparente à l’entraînement en parcours (CrossFit). Et sous l’impulsion du propriétaire, qui savait comment stimuler ses membres, Jocelyn s’est inscrit à une course pas banale : 50 obstacles à franchir sur une distance de cinq kilomètres.

Le défi était idéal pour un gars qui a toujours aimé se dépasser. Il a immédiatement attrapé le « virus », raconte-t-il. Jocelyn aime aussi tous les autres aspects de la compétition : la camaraderie du groupe (qui lui fait penser à ce qu’il retrouve entre producteurs), le dépassement, mais surtout un moyen de décrocher de la ferme. « Je suis capable de prendre des vacances ici et là, mais la course permet de changer le mal de place », dit le producteur laitier.

 

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Danielle Cadotte : vélo, course, nage et fière Rose

Crédit photo : Guillaume Cassou

En 2019, ce sera la troisième année que Danielle Cadotte, de la Ferme Picagri, à Saint-Thècle, participera aux Défis du Parc, une activité organisée dans le parc national de la Mauricie pour le grand public et pour Les Roses, un groupe dont le but est d'intégrer l'activité physique dans la vie des femmes.

Les défis : de la nage en lac, du vélo sur route et de la course à pied en sentier, le tout en une seule journée. Et en prime, une médaille autour du cou – la récompense après 10 mois de préparation. « Cette journée de compétition, c’est la cerise sur le sundae », résume Danielle pour expliquer le sentiment de fierté et d’accomplissement qu’elle ressent durant cette journée.

Pour Danielle, activité sportive rime avec plaisir. Cette ancienne productrice laitière, dont la ferme est désormais spécialisée en grandes cultures, a compris depuis longtemps qu’on ne fait pas du sport seulement pour garder la forme : c’est aussi une occasion de voir du monde.

« Depuis 1996, tous les vendredis soir de septembre à avril, on est une gang de producteurs laitiers à jouer au volleyball », raconte celle qui occupe les fonctions de secrétaire-trésorière à la CUMA des Rivières. On prend une petite bière, poursuit-elle, on mange un peu et, pendant quelques heures, il n’y a pas de problème. « J’appelle ça du volleyball sociothérapeutique! »

C’est dans le même esprit qu’elle s’est engagée dans le groupe Les Roses. Danielle avait commencé à faire de la marche depuis quelques années, mais voulait monter le défi d’un cran. En suivant le programme proposé par Les Roses, elle est arrivée, en mai 2017, à faire sa première course de cinq kilomètres, après quatre mois d’entraînement. Devant ce résultat, elle s’est équipée d’un vélo de route et de chaussures spécialisées pour la course, en plus de se joindre à un club récréatif de vélo pour des sorties hebdomadaires.

 

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Mathieu Vermette : marathon, Ironman

Crédit photo : Christophe Champion

Mathieu Vermette n'a pas attendu d'atteindre la trentaine pour s'entraîner. Ce copropriétaire de la ferme porcine J.P. Vermette & Fils, à Saint-Simon, était déjà un sportif plus jeune et un adepte du hockey, tout comme le reste de sa famille.

Il est vrai que l’arrivée d’une petite bedaine a sonné l’alerte chez ce sportif dans l’âme. Les séances de hockey quatre fois par semaine ne suffisaient plus à un gars qui mangeait et buvait ce qu’il voulait, quand il voulait. Mathieu Vermette s’est donc mis à la course, « avec comme seul objectif d’être en forme », dit-il simplement pour expliquer sa motivation.

Deux ans plus tard, il s’attaquait à un marathon, suivi de trois autres, de deux demi-Ironman et d’un Ironman complet. Tout ça en l’espace de quatre ans.

Il faut dire qu’à 42 battements par minute, le cœur de Mathieu a une endurance remarquable. Il a eu le déclic quant à ses capacités lors d’une épreuve en 5e secondaire : il avait terminé une course de 10 km en 36 minutes. Un temps plus que rapide, comme l’avait souligné son prof d’éducation physique.

La course est venue naturellement, car elle est facile à intégrer dans l’horaire du jeune producteur. Il enfile ses chaussures tôt le matin ou le soir, quand ses trois enfants sont couchés, puis court dans le rang où il habite.

 

hfd

Serge Boivin et Annie Lévesque : nage, course à pied, entraînement en parcours et trekking

Crédit photo : Catherine Desautels

Gravir une montagne de 5000 m d’altitude, ça vous dit pour les vacances? Si ce genre de projet en rebuterait beaucoup, c’est tout à fait le type de défi qui plaît à ce couple, propriétaire de la ferme laitière Juar, à Coaticook.

Quand Serge Boivin, ex-membre des conseils d’administration de La Coop fédérée et de La Coop des Cantons (maintenant fusionnée avec VIVACO), a vu sur les réseaux sociaux qu’un groupe de femmes s’organisait pour partir à la conquête du Kilimandjaro, il a tout de suite pensé à sa conjointe. « Annie se remettait de problèmes de santé, et je me suis dit que c’était le genre de défi qu’il lui fallait », raconte Serge. Et coup de chance, on a ouvert le voyage aux hommes afin de compléter le groupe. Serge ne s’est pas fait prier.

Un an de préparation a été nécessaire pour relever ce défi hautement physique. En plus de l’entraînement en gymnase, le couple s’est astreint à une ascension ou un trekking toutes les semaines, hiver y compris. Heureusement pour lui. « Une semaine avant le départ, on a su qu’il y aurait peut-être de la neige en haut du Kilimandjaro et on nous a demandé d’apporter nos crampons », raconte Annie.

Début août 2018, Annie et Serge atteignaient le sommet de la célèbre montagne africaine après six jours d’ascension. Marcher au quotidien durant de longues heures tout en s’imprégnant d’une nature grandiose leur a fait vivre une expérience proche de la méditation, selon eux. En plus de la fierté d’avoir réussi un tel exploit, ils ont noué des liens d’amitié qui durent encore aujourd’hui, sans compter les beaux souvenirs qu’ils conservent de cet événement.

Pour Annie, qui se remettait d’une dépression majeure, le défi lui a permis de mettre cette période difficile derrière elle. « L’entraînement m’a fait du bien, physiquement et psychologiquement. » Quant à Serge, il avait déjà relevé quelques défis sportifs avant de monter le Kilimandjaro, dont un demi-Ironman, en 2017. Il a poursuivi son entraînement et a réussi, en août 2019, un Ironman en 13 heures et 12 minutes. 

 

 

Lire l’article complet dans l’édition de janvier-février 2019 du Coopérateur.

Céline Normandin

QUI EST CÉLINE NORMANDIN
Détentrice d’une maîtrise en science politique, Céline est journaliste-pigiste auprès du Coopérateur. Et ce n’est pas par hasard si elle se retrouve aujourd’hui à couvrir le secteur agroalimentaire puisqu’elle a grandi sur une ferme laitière. Sa famille est d’ailleurs toujours active en agriculture. 

celine.normandin@videotron.ca

QUI EST CÉLINE NORMANDIN
Détentrice d’une maîtrise en science politique, Céline est journaliste-pigiste auprès du Coopérateur. Et ce n’est pas par hasard si elle se retrouve aujourd’hui à couvrir le secteur agroalimentaire puisqu’elle a grandi sur une ferme laitière. Sa famille est d’ailleurs toujours active en agriculture.