À la rencontre de Josée Laforce, membre de la 17e cohorte du FCARA

Entrevue avec Josée Laforce, productrice en grandes cultures, qui a débuté le programme du Fonds coopératif d’aide à la relève agricole cette année.

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Témoignage et entrevue
La coopération
La troisième et la quatrième génération de la Ferme du Cordon
La troisième et la quatrième génération de la Ferme du Cordon. De gauche à droite : Anthony Chicoine, Maélie Belval (fille de Josée et Martin), Josée Laforce, son conjoint Martin Belval, Pier-Olivier Belval (fils de Josée et Martin) et Joly-Ann Deneault.

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Julianne Laroche

Conseillère en communication et marketing chez Agiska Coopérative

À Saint-Guillaume, la Ferme du Cordon incarne la force des racines familiales et la capacité de s’adapter aux épreuves. Josée Laforce, 39 ans, relève avec passion et détermination le défi de perpétuer l’héritage familial tout en assurant la pérennité de l’entreprise pour la génération suivante.

Une histoire ancrée dans la terre

Fille d’agriculteur, Josée a grandi au cœur des champs, là où elle a appris très jeune la valeur du travail et le respect de la terre. Incorporée en 1991, la ferme familiale s’est d’abord spécialisée dans la production laitière. Son père, Hugues, faisait partie de la deuxième génération d’exploitants. « Mon grand-père avait acheté la ferme en 1957 comme projet familial pour ses sept enfants. Mon père et mon oncle ont pris la relève, et aujourd’hui, c’est à mon tour », raconte Josée.

Au fil du temps, la ferme a évolué. En 2018, un virage majeur s’impose : la vente du troupeau laitier. La famille choisit alors de se consacrer entièrement aux grandes cultures. Une décision lourde de sens, mais nécessaire pour assurer la continuité de l’entreprise. Aujourd’hui, la Ferme du Cordon cultive de grandes superficies de maïs, de soya et de blé, en propriété et en location.

Des épreuves qui forgent la résilience

Le chemin vers la relève n’a pas été simple. « Au départ, une de mes sœurs devait reprendre la ferme, mais le plan est tombé à l’eau », confie Josée. C’est à ce moment qu’elle se projette comme successeure, soutenue par son conjoint, Martin Belval, lui-même fils d’agriculteur. Martin se joint à la ferme en 2014 et devient rapidement un pilier de l’équipe.

En mai 2018, un drame frappe la famille de Martin : son frère décède tragiquement dans un accident dans une ferme. « Ce fut un choc immense. À l’aube des semences, il a fallu mettre le projet de transfert sur pause », se souvient Josée. Malgré cette épreuve, le couple rebondit. Martin poursuit son engagement sur la Ferme du Cordon et, ensemble, ils consolident leur vision.

En 2022, après 20 ans d’expérience, Josée quitte son emploi dans le domaine agricole pour se consacrer à temps plein à la ferme. En janvier 2024, les démarches officielles de transfert débutent avec l’appui de divers professionnels, et le transfert est officialisé en juillet 2024.

Une relève portée par la famille et la coopération

Aujourd’hui, Josée assure la gestion administrative de l’entreprise, tout en participant aux travaux aux champs et à l’entretien de la machinerie. Martin, lui, est le stratège des cultures et planifie les activités agricoles. Hugues, bien qu’à la retraite, continue de soutenir les travaux, notamment lors des récoltes.

Leur équipe familiale compte aussi sur un précieux renfort : Jacques, un oncle, fidèle à la ferme depuis toujours, et deux enfants passionnés, Maélie et Pier-Olivier. « Mon fils rêve déjà de reprendre la ferme. Il vient de débuter une formation professionnelle (DEP) en mécanique agricole, puis prévoit déjà de s’inscrire à un deuxième programme d’études professionnelles en grandes cultures. Quant à ma fille, elle a un intérêt pour les animaux. Peut-être qu’un jour, un volet animalier reviendra à la Ferme du Cordon », souligne Josée. Ses enfants partagent aussi leur vie avec des personnes issues du milieu agricole : la copine de son fils, Joly-Ann, étudie en production animale à l’ITAQ, tandis que le copain de sa fille, Anthony, travaille auprès des animaux et s’occupe des terres de ses parents à Saint-Marcel-de-Richelieu.

Le lien avec la coopérative est central dans leur succès. Membre d’Agiska Coopérative et participante au sein de la 17e cohorte du Fonds coopératif d’aide à la relève agricole (FCARA), Josée bénéficie des formations et du réseautage. « Le soutien d’Agiska est précieux. Les experts-conseils sont toujours disponibles pour nous guider et nous rassurer. L’occasion de participer au voyage Maizex avec mon père a été un moment fort », souligne-t-elle. Même les enfants profitent de l’écosystème coopératif : l’un travaille à la Fromagerie St-Guillaume, de la filiale de transformation laitière d’Agiska, et l’autre dans une quincaillerie BMR de la coopérative.

Une vision tournée vers l’avenir

Pour Josée et Martin, l’objectif est clair : assurer la pérennité de la ferme pour la prochaine génération. À court terme, ils souhaitent continuer de faire croître l’entreprise afin d’établir solidement la place de leurs enfants et de leur conjoint. « J’ai eu la chance d’avoir des générations avant moi qui m’ont permis d’être là où je suis aujourd’hui et je souhaite que les jeunes puissent avoir la même chance que j’ai eue. Aujourd’hui, il n’est plus possible de partir de rien en agriculture si le chemin n’a pas été entamé avant notre arrivée », partage Josée.

Mais au-delà des chiffres et des stratégies, leur motivation demeure la même : préserver un patrimoine. « Pour mon père, il est inconcevable de vendre la terre. Comme il dit souvent : on ne peut pas vendre la terre, c’est la dernière richesse qui va toujours rester tangible sur la planète. »

Josée incarne cette conviction avec force et humilité. Son parcours est une véritable leçon de résilience et d’amour pour l’agriculture. Et quand on lui demande ce qui la rend le plus fière? « Savoir que mes enfants portent un intérêt à l’agriculture et à nos racines, c’est déjà une belle réussite », confie-t-elle en souriant.

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