Cette année, les feux de forêt posent un plus grand risque à cause des conditions météorologiques qui prévalent au pays, des changements climatiques et des effets de la présence du phénomène El Niño.
Les météorologues d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) prévoient « que des températures supérieures à la normale se maintiendront dans l’ensemble du pays au printemps et à l’été. Ces conditions exacerbent le risque et l’intensité des feux de forêt, qu’ils soient d’origine naturelle ou humaine. »
Experte en sinistre pour le Sollio Groupe Coopératif, Karine Correia élabore des plans de prévention notamment en cas de feux de forêt. Le plus important, selon elle, est de prendre conscience que les changements climatiques viennent changer la donne pour tous les producteurs agricoles.
« Même s’il n’y a jamais eu de feu de forêt dans votre région avant, il est toujours possible que cela arrive. En raison des changements climatiques, on ne peut plus se dire que les tornades, les feux de forêt ou les inondations se limitent à certains endroits. Aujourd’hui, personne n’est à l’abri de subir des dommages à la suite d’une catastrophe naturelle. »
3 recommandations fondamentales
Devant les risques de feux de forêt, il y a une foule de mesures à prendre (elles sont énumérées plus loin dans le texte) mais dans l’ensemble elles se résument ainsi :
- Éloigner toute matière combustible (incluant la végétation) ou produits inflammables autour des bâtiments et des installations.
- Avoir toujours à proximité des dispositifs d’extinction fonctionnels (ex. source d’eau, extincteurs portatifs, gicleurs, etc.) afin d’être en mesure de protéger vos installations, bâtiments et biens.
- Finalement, sauver les vies (la vôtre, celles de vos employés, des membres de votre famille et de vos animaux) pas uniquement vos biens matériels.
Protection des animaux de ferme : leçons apprises
Vincent Chrétien est agronome responsable de la production animale et végétale en Abitibi-Témiscamingue pour Novago Coopérative. Dans la foulée des feux de forêt qui ont ravagé les municipalités de Dupuy, Clerval et Normétal en Abitibi-Ouest en 2023, Vincent Chrétien souligne que les leçons apprises de cette catastrophe seront mises en application cette année.
« L’année dernière, on a dû évacuer les animaux d’urgence à la demande des intervenants en sécurité civile, raconte-t-il. On a transporté les vaches dans des remorques pour les relocaliser dans d’autres fermes situées à plus de 75 kilomètres du lieu d’origine. Cette année, on va faire les choses autrement ; les animaux à risque ne seront pas déplacés sur de longue distance. D’après notre expérience, les animaux seront mieux protégés si on les rapproche tout simplement des bâtiments de la ferme ; ces bâtiments sont entourés de champs qui agissent comme un coupe-feu naturel. »
Le temps et l’argent : deux enjeux à surmonter pour prévenir
Dans un monde idéal, pour se protéger des feux de forêt, il faudrait revoir le mode de construction de nos bâtiments et, surtout, l’aménagement de nos terrains, souligne l’experte en sinistre. Malheureusement, ces mesures peuvent s’avérer coûteuses.
« Ce que je tiens à dire aux producteurs agricoles, c’est qu’il est toujours possible de trouver des mesures efficaces moins coûteuses, rappelle Karine Correia. De plus, étant donné que la période propice aux feux de forêt coïncide avec la période achalandée des agriculteurs, des coopératives et de tous les travailleurs dans le domaine, il est d’autant plus important de se préparer et de prévoir. »
Ainsi, la solution serait de mettre en place une seule action préventive chaque jour ou chaque semaine dans le but de rendre les lieux de plus en plus sécuritaires au fil du temps. La méthode graduelle s’avère efficace pour surmonter les obstacles liés au temps et, même, à l’argent.
Série de mesures à mettre en place
Pour protéger les installations agricoles des feux de forêt, les spécialistes en gestion des risques préconisent, entre autres, de maintenir un périmètre de sécurité totalement ininflammable et cela, en tout temps.
« Plus ce périmètre est étendu, plus les risques qu’un incendie s’attaque aux installations sont diminués », rappelle Karine Correia. Ainsi, ledit périmètre devrait être exempt des produits suivants :
- Matière ou liquide inflammables;
- Matériaux et liquides combustibles;
- Matériaux d’aménagement paysagé inflammables :
- Choisir du gravier, de la brique, de l’asphalte, du béton ou du paillis de verre et éviter les matières organiques ou combustibles (bois sec ou mort, buissons, arbres, paillis de cèdre, pelouse, conifères, structure de bois, terre, etc.);
- Véhicules, équipements et remorques;
- Combustibles de surface et débris (ordures, branches mortes, herbes sèches, aiguilles de pin, feuilles mortes, etc.).
Quoi faire lorsque le feu approche?
À l’approche d’un incendie de forêt, voici les mesures recommandées :
- Contacter le service d’incendie.
- Couper les alimentations de propane ou autres sources inflammables.
- Avoir en main l’inventaire des biens entreposés sur le site et dans les bâtiments (cela sera utile, autant pour le service de sécurité incendie que pour votre assureur).
- À l’intérieur, éloigner des ouvertures tous les matériaux combustibles et fermer et/ou couvrir toutes les trappes d’aération, les fenêtres, les portes et autres ouvertures avec des matériaux résistants au feu.
- Demeurer à l’extérieur et à l’affût.
- Surveiller, en tout temps, le feu et sa progression.
- Définir et surveiller les vents (direction, intensité).
- Éloigner des installations les véhicules et les équipements.
- Stationner les véhicules « de fuite » face à la route, clefs dans le démarreur.
- Établir et transmettre un plan d’évacuation à tous les intervenants.
- Évacuer les personnes à risque et les animaux, selon le cas.
- Créer, autour des installations (à ± 2 mètres/7 pi), des barricades de gravier ou de sable et/ou des tranchées.
- Éviter d’utiliser la terre à titre de barricades ou d’agents d’extinction (celle-ci peut contenir des particules combustibles).
- Éloigner des installations les matières ou les liquides inflammables, les matériaux ou les liquides combustibles, les biens, etc.
- Arroser, constamment, toutes les surfaces extérieures, y compris les toits.
- En présence de gouttières ou de descentes pluviales, boucher le connecteur de descente d’extrémité et le remplir d’eau.
- Remplir d’eau tous les contenants disponibles.
- Nonobstant ce qui précède, si l’incendie ne peut être ralenti, contrôlé ou dévié, évacuer le site immédiatement.