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Ferme Loubel : Une ferme laitière à la fine pointe de la technologie

Unoria Coopérative

Depuis qu’ils ont pris la relève à la Ferme Bernard Lebel de Saint-Arsène, devenue depuis la Ferme Loubel, Anne-Sophie Lebel et son conjoint Anthony Ouellet portent une grande attention à tous les détails qui permettent, grâce à la technologie, d’augmenter la productivité du troupeau laitier de race Holstein.

Les deux nouveaux propriétaires travaillent au sein de l’entreprise familiale de sixième génération depuis la fin de leurs études. Ils sont diplômés du programme de technologie de productions animales au campus de l’ITAQ de La Pocatière. Anne-Sophie a aussi obtenu un certificat en productions animales de l’Université Laval. Ils ont terminé leurs études en même temps, en 2017.

« Avant, c’était une entreprise de multiproductions avec de la fraise, du maraîcher et de la production laitière, raconte Anthony. En 2019, nous avons construit l’étable et c’est à ce moment que nous avons séparé l’entreprise en deux afin de nous concentrer sur la production laitière. La vacherie construite par le père d’Anne-Sophie en 1996 était pleine et nous voulions grossir le troupeau au moment où nous avons divisé les entreprises. » Depuis novembre 2023, Anne-Sophie et Anthony sont actionnaires à 100 % de l’entreprise.

105 kg de quota

L’entreprise détient un quota de 105 kg de matières grasses par jour pour un troupeau Holstein pur-sang avec en moyenne 65 vaches en lactation. L’entreprise a acquis beaucoup de quotas au cours des dernières années.

« En 2017, nous avions 60 kg de quota, indique le couple de producteurs qui effectue deux traites par jour. On vise à atteindre au moins 150 kg dans l’étable actuelle de 39 sur 54 m (130 sur 180 pi) aménagée en stabulation libre avec six rangées de logettes sur matelas avec un salon de traite double 8, c’est-à-dire un salon de traite qui compte deux rangées de huit unités de traite. »

Salle de traite de haute technologie

La salle de traite possède des équipements de haute technologie comme la détection des vaches. « Les vaches portent des colliers au cou, explique Anthony. Dans la salle de traite, nous avons les données de chaque vache, les pesées de lait et la conductivité du lait. Le collier nous permet de suivre tout ce que la vache a fait dans le jour et il transmet les données de la traite. »

« C’est une des technologies que nous utilisons beaucoup, commente l’expert-conseil pour Unoria Coopérative, Samuel Pelletier. Nous avons la rumination, l’activité des vaches, le temps inactif, le temps de consommation. Nous avons l’horaire de chaque vache individuellement et l’horaire de chaque groupe, un, deux ou les vaches fraîchement vêlées. Cela nous permet de tirer des conclusions sur la santé du troupeau à partir du temps passé par les vaches à consommer et à ruminer. C’est avec ces données qu’on fait des changements alimentaires. Individuellement, le système va émettre des alertes pour certaines vaches lorsqu’il y a des préoccupations par rapport à leur santé. Ça peut être une douleur aux pattes, une indigestion ou un corps étranger. Il détecte les anomalies avant qu’on puisse s’en rendre compte. »

Hausse de la production

La technologie favorise également la détection des chaleurs. L’objectif, c’est la performance du troupeau, la simplification des tâches de la main-d’œuvre et le bien-être animal. Depuis un an, la production a beaucoup augmenté. À l’automne 2022, l’entreprise livrait autour de 31 litres de lait par jour par vache à 1,29 kg de gras par vache et à 2,32 kg de composantes totales. Ces chiffres ont augmenté autour de 37 à 39 litres de lait livré, et de 1,75 kg de gras par vaches pour un total de 2,8 à 3,0 kg de composantes totales.

Anthony Ouellet estime que la hausse de la production s’explique en bonne partie par l’alimentation. « Nous avons fait plus attention à nos fourrages et mis en place une gestion accrue et plus surveillée, exprime-t-il. Nous avons commencé à nous fier beaucoup plus aux données des colliers pour adapter notre alimentation. Nous sommes capables de voir plus facilement où se trouve le problème afin de pouvoir le régler. »

« Avec la technologie, on peut trouver facilement les vaches moins bonnes, poursuit Anne-Sophie. La sélection se fait avec le logiciel de gestion de troupeau UNIFORM-Agri qui produit de bons graphiques qui permettent de sélectionner les meilleures vaches et les moins bonnes. »

L’entreprise utilise également le rapport Lactascan, de Sollio Agriculture, pour analyser mensuellement les données technico-économiques du mois courant ainsi que des 19 derniers mois, et ce, en se comparant à la moyenne des fermes et au groupe des 25 % supérieurs, soit celui qui dégage le plus d’argent par vache par année.

Les propriétaires sont heureux des progrès réalisés sur le plan de la production, mais ils souhaitent continuer à s’améliorer. « Nous sommes rendus dans les petits détails que la technologie nous permet de suivre », lancent-ils.

L’entreprise accueille un jeune employé les fins de semaine pour les traites. De plus, avec la naissance toute récente d’un deuxième enfant, le couple a embauché le père d’Anthony pour l’été. Normalement, l’entreprise fonctionne avec les deux propriétaires et un employé à temps partiel. Les parents d’Anne-Sophie donnent un coup de main à l’occasion.

Avec une étable fonctionnelle, la traite se fait assez rapidement. On parle d’environ une heure pour 60 à 70 vaches et de deux heures à deux heures et demie pour la besogne au complet. « Nous avons encore des points d’amélioration en vue avant de penser à ajouter une troisième traite par jour, analyse Anthony. On sait qu’il nous reste des petits problèmes à corriger. »

Des projets en tête

Le couple mijote des projets pour les prochaines années. « On voudrait remplir notre étable et grimper à 150 ou 160 kg de quota, annonce Anne-Sophie. Cet été, nous allons rénover tous les vieux bâtiments pour mettre les génisses, les taures et les vaches taries en stabulation libre pour aller chercher de meilleures performances chez nos vaches taries. Cela va également faciliter notre travail. »

D’ici cinq ans, l’entreprise aimerait fonctionner avec trois personnes à temps plein, soit les deux propriétaires et un employé.

Cent vingt hectares en culture

L’entreprise possède 120 ha (300 acres) en culture. « Nous faisons nos ensilages de foin et de maïs nous-mêmes, tout comme les semences, mais nous achetons la paille et la ripe pour les litières, précise Anthony. Nous priorisons des fourrages de qualité quitte à devoir acheter ce qu’on considère comme moins important, la litière. Nous faisons du drainage afin de maximiser le peu de terre que nous avons. La technologie est également utilisée dans les champs sur le planteur à maïs et sur le tracteur principal qui est muni d’un système d’autoguidage avec GPS », indique Anthony.

Pour l’expert-conseil Samuel Pelletier, c’est l’utilisation de la technologie qui caractérise la Ferme Loubel. « D’autres entreprises possèdent la même technologie, mais elle est moins utilisée qu’ici. Anthony s’en sert tous les jours. L’autre force de l’entreprise, c’est que les propriétaires savent où ils s’en vont. Ils ne gèrent pas leur ferme à l’aveuglette. Ils savent qu’il y a de l’amélioration à faire sur l’élevage des taures, le confort des vaches taries. Pour le fourrage, on aimerait avoir de l’ensilage de maïs fermenté plus longtemps. »

Le mot de la fin revient à Anne-Sophie qui mentionne que pour continuer à aimer l’agriculture, il faut être efficace pour réussir à se sortir la tête de l’eau autant financièrement que moralement.

Photo par Patric Nadeau

Alexandre D'Astous

QUI EST ALEXANDRE D'ASTOUS
Alexandre est journaliste depuis 1998 à Rimouski, notamment spécialisé en agriculture. Détenteur d’un baccalauréat en histoire et d’un certificat en journalisme, il collabore à de nombreuses publications, dont le Coopérateur.

alexandredastous@live.ca

QUI EST ALEXANDRE D'ASTOUS
Alexandre est journaliste depuis 1998 à Rimouski, notamment spécialisé en agriculture. Détenteur d’un baccalauréat en histoire et d’un certificat en journalisme, il collabore à de nombreuses publications, dont le Coopérateur.