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Une mission à la Ferme Beljacar

La Coop des Montérégiennes

Photo : Jean-François Laroche (à droite) révèle que parmi les fermes membres de La Coop des Montérégiennes, la Ferme Beljacar, de Jacques Vincent, Carmen Champagne et leur fils Dominic, figure parmi les meilleurs pour la transition d’un mode de traite et de stabulation à l’autre.

Afin de comprendre le succès de la ferme en traite robotisée la plus méritoire au Canada pour l’indice de performance du troupeau (IPT), le Coopérateur a envoyé un espion à la Ferme Beljacar, d’Acton Vale. Lisez vite ce reportage : il s’autodétruira dans cinq minutes!

Le 29 janvier 2019, un document classé top secret par CanWest DHI et Valacta était dévoilé sur CowLeaks. Notre enquête révèle qu’en 2018 la Ferme Beljacar s’est positionnée bonne première pour l’IPT sur les 669 troupeaux canadiens en traite robotisée. Cet indice mesure six paramètres décisifs pour toute entreprise laitière. L’obtention de cette position n’est pas anecdotique : en 2016, alors en stabulation entravée et traite conventionnelle, la ferme avait figuré au 99e percentile.

Armés de couvre-bottes ne laissant aucune trace d’ADN, nous infiltrons les lieux avec l’informateur Jean-François Laroche, technologue chez Sollio Agriculture (nouveau nom de la cellule d’espionnage). Le jeune repreneur de la ferme, l’énergique Dominic Vincent, gère le troupeau avec en poche un DEP en production laitière. Il est secondé par son père, Jacques Vincent, qui cultive les champs et pourvoit les mangeoires d’aliments, et par sa mère, Carmen Champagne, argentière de l’entreprise et remplaçante occasionnelle de Dominic lors de ses escapades.

 

Portrait-robot

6 décembre 2016 : la Ferme Beljacar mettait en fonctionnement deux robots de traite BouMatic Robotics MR-S1. Ces robots particuliers ne nécessitent pas de « cabanes à robot » bétonnées. Ils s’approchent de la vache par l’arrière et permettent la pose manuelle des gobelets-trayeurs. L’accès des animaux au robot s’effectue d’un côté comme de l’autre. Quelques jours avant notre mission spéciale, un technicien de Leblanc Robotique venait remplacer deux composants du bras robotisé : le premier permet maintenant de saisir et d’installer deux gobelets à la fois; le second constitue un nouveau système de repérage des trayons (caméra infrarouge à vision tridimensionnelle, qui ajoute à la télémétrie au laser, datant pratiquement de l’ère soviétique). Après les trayons, à quand la reconnaissance faciale des vaches?

Étonnamment, ce nouveau bras a permis de raccourcir d’une minute le branchement des gobelets-trayeurs, qui est passé d’une moyenne de trois à deux minutes (6,40 minutes par traite). À 240 traites par jour, il s’agit ici de deux heures d’occupation du robot en moins! Surprise : la moyenne de traites quotidiennes vient de bondir de 2,60 à 2,85. Si les robots ne sont pas surtaxés, avec 85 vaches en lactation, les 118 logettes disponibles laissent entrevoir une possible expansion future.

Comme autant de « Big Brothers », les écrans cathodiques des robots, du bureau et des téléphones diffusent les anomalies, vite repérées par le gérant de troupeau, qui semble avoir acquis une habileté très louche à fouiner dans les différents onglets du logiciel du robot de traite. L’informateur Laroche déterre tout aussi facilement les problèmes qui peuvent compromettre la bonne marche des opérations. Depuis trois ans, la nature du travail des éleveurs a fondamentalement changé. Surveillance à l’ordinateur et observation sur le plancher des vaches ont remplacé la traite manuelle. Le paramétrage du nombre de traites optimales par animal, selon la parité, le nombre de jours en lait et le niveau de production, est crucial pour l’obtention de hautes performances, dont voici le résumé : 43 kg de lait au quotidien, 12 758 kg produits annuellement par animal, 4,1 % de gras et 3,3 % de protéine. « Les tables de lait par traite ou d’heures entre les traites sont modifiées très progressivement, sur un long laps de temps », divulgue l’agent Laroche.

 

Pas de Cowgate

L’interrogatoire minutieux dans le bureau se termine : pas moyen de prendre les protagonistes en défaut. « On ne néglige rien », résume Dominic, pour qui l’IPT 99 (indice de performance du troupeau) n’est pas un objectif, mais le résultat d’efforts constants. Les individus se dirigent vers l’étable pour veiller au bien-être des ruminants. La filature montre qu’en chemin Dominic jette un coup d’œil à l’ordinateur du robot, mémorisant quelques numéros de vaches retardataires. Pas de secret ici : les vaches ayant plus de 12 heures de retard sont amenées au robot trois fois par jour, installées dans une salle d’attente que seuls les humains savent ouvrir ou fermer. Jacques, pour sa part, surveille discrètement les veaux (qui ont accès à une « louve » depuis 2017), pianote rapidement sur le panneau de contrôle de l’autoration et se faufile vers l’étable des taures, élevées en stabulation libre depuis 2002. Carmen suit, révélant au passage que l’achat d’un distributeur automatisé d’aliment pour les taures les plus vieilles permet d’habituer celles-ci au confinement du robot de traite, ce qui améliore la fréquentation de ce dernier. Six mille dollars, un investissement rentable, expose-t-elle.

 

Lire l’article complet dans l’édition d'octobre 2019 du Coopérateur.

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.