Aller au contenu principal

Alexis Richard et le lait en Gaspésie

Fait très rare en Gaspésie, Alexis Richard réalise son rêve de jeunesse à 28 ans en se lançant en production laitière, lui qui a fait ses premiers pas en agriculture en production ovine après avoir acquis une ferme à Nouvelle avec son père, en 2016. Il s’agit de la première ferme laitière à voir le jour en Gaspésie depuis plus de deux ans.

Alexis possède 65 % de la Ferme Richard et Fils, dans laquelle il est associé avec son père Denis. « L’agriculture m’a toujours intéressée. C’est une passion. Je viens d’une famille agricole. Mon père avait une ferme ovine à Saint-Omer [aujourd’hui Carleton-sur-Mer] quand j’étais jeune. Il a été agriculteur jusqu’en 2009. Mes grands-parents étaient agriculteurs, autant du côté de ma mère que de mon père. Et j’ai des oncles qui étaient en agriculture à Saint-André-de-Restigouche et à Saint-Alexis-de-Matapédia en production bovine (vache-veau). C’est familial. Quand est venu le temps de choisir une carrière, en cinquième secondaire, je n’ai pas hésité. Je me suis inscrit à l’ITA de La Pocatière, au programme de gestion et exploitation d’entreprise agricole », raconte-t-il.

Des débuts en production ovine

Alexis Richard a commencé sa carrière en production ovine parce que c’était plus simple pour commencer, mais il avait toujours comme objectif de se lancer en production laitière.

« Lorsque nous avons acheté la ferme, pour rentabiliser nos installations, nous avons décidé de partir en production ovine parce que ça demandait moins de démarches que la production laitière, mentionne le jeune producteur. J’avais seulement 21 ans et je n’avais pas beaucoup d’expérience. En plus, mon père connaissait bien cette production. Il l’a pratiquée 15 ans. Nous avons commencé avec un troupeau de 100 brebis croisées F1 pour la production d’agneaux lourds. Nous sommes montés jusqu’à 250, mais avons baissé à 180 parce que nous avons transformé une des bergeries pour faire la vacherie. »

L’agneau lourd est commercialisé par l’agence des Éleveurs ovins du Québec à un poids de 22 kg carcasse. « Nous travaillons avec la photopériode pour avoir des agnelages à l’année afin de pouvoir livrer des agneaux lourds aux deux semaines », précise l’éleveur.

Un rêve réalisé

« J’avais choisi la spécialisation production laitière à l’ITA parce que c’était mon rêve d’avoir une ferme laitière, raconte celui qui a commencé à travailler sur son projet de démarrage en production laitière en 2022. Je me suis intéressé à cette production lors de visites de fermes laitières. J’ai eu le déclic lorsque j’étais au secondaire, en visitant des fermes aux journées portes ouvertes. Ce rêve est officiellement devenu réalité le 12 mars 2024 après deux ans à monter le projet pour obtenir un contingent par l’entremise du Programme d’aide au démarrage d’entreprises laitières de la Fédération des producteurs de lait du Québec. »

Le programme permet à un jeune de la relève d’obtenir un prêt de 20 kg de matière grasse par jour, dont le remboursement commencera à la onzième année suivant l’émission du prêt, à raison d’un kilogramme par année.

Un projet de longue haleine

Pour lancer le volet laitier de son entreprise, il lui a fallu deux années de longues démarches. « Nous avons travaillé avec un agroéconomiste, un ingénieur et un arpenteur pour développer notre projet. Il y a beaucoup de lois et de règlements à respecter, qui émanent autant de la MRC [Avignon], que des ministères de l’environnement, du MAPAQ et de la Fédération des producteurs de lait du Québec pour adhérer au programme de démarrage d’entreprises laitières. C’est cette partie-là qui peut décourager la relève », estime Alexis Richard, qui a été accepté par la Fédération des producteurs de lait en 2023.

Après son acceptation, l’entreprise avait un an pour finaliser son projet et commencer à produire du lait. « Nous avons acheté un quota de 20 kg de matières grasses par jour et la Fédération nous a prêté un autre quota de 20 kg par jour que je vais commencer à rembourser dans dix ans. J’ai aussi une priorité d’achat pour les deux prochaines années de 10 kg/jour. J’aimerais monter à 50 kg/jour d’ici le mois de décembre 2024 et à 70 ou 80 kg dans les prochaines années. J’ai de l’espace dans l’étable pour ça », poursuit Alexis.

Le troupeau de la ferme

La Ferme Richard et Fils a acquis un troupeau laitier complet de 40 vaches Holstein et Jersey de la Ferme Guillaume Fournier à Sainte-Angèle-de-Mérici, dans la MRC de La Mitis, au Bas-Saint-Laurent.

« Il a été conciliant avec moi. Il voulait vendre son troupeau à l’automne et il m’a attendu jusqu’en mars », lance Alexis.

À ce troupeau, une quinzaine d’autres vaches ont été ajoutées, pour un total de 55 vaches, dont 45 en lactation. « Présentement, je fais plus que mon quota. J’avais pris du retard. J’ai dû tarir des vaches plus vite après le déménagement en raison du stress. Les vaches étaient habituées avec un robot de traite alors qu’ici, elles sont attachées. Il y a eu une période d’ajustement », explique le producteur.

111 hectares en culture

La Ferme Richard et Fils exploite une superficie de 111 hectares (275 acres) en culture à Nouvelle, dont 40 ha (100 acres) en location. « Cette année, j’ai été obligé d’acheter un peu de foin parce que nous n’avons pas eu les rendements normaux. Je fais aussi des céréales : du blé et de l’orge. À moyen terme, j’aimerais cultiver du maïs à ensilage. Depuis trois ans, on augmente notre superficie de terres achetées ou en location. Je semais des céréales en prévoyant que j’en aurais besoin pour nourrir les vaches ».

L’entreprise est autonome pour la machinerie, à l’exception d’un épandeur à fumier solide partagé au sein de la CUMA  Les Rameaux de la Baie-des-Chaleurs.

La vitesse de croisière

Alexis Richard aimerait avoir atteint sa vitesse de croisière en production laitière d’ici cinq ans. « Je veux améliorer la productivité des vaches. Je veux augmenter la production de lait et de gras. Cette année, ç’a surtout été une grosse année d’adaptation pour les animaux. Ça leur a pris un bon deux mois à se placer. »

Alexis Richard travaille avec son père et un étudiant qui vient faire la traite les fins de semaine. « J’ai aussi beaucoup d’aide de la famille et d’amis. Ma blonde vient à l’étable et j’ai un ami qui vient de temps en temps faire la traite avec moi ».

La région de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine compte 12 entreprises laitières, dont trois dans la municipalité de Nouvelle où il y a aussi deux entreprises bovines. « C’est une municipalité assez dynamique sur le plan agricole », lance Alexis Richard.

Photo de Benoît Daoust

Alexandre D'Astous

QUI EST ALEXANDRE D'ASTOUS
Alexandre est journaliste depuis 1998 à Rimouski, notamment spécialisé en agriculture. Détenteur d’un baccalauréat en histoire et d’un certificat en journalisme, il collabore à de nombreuses publications, dont le Coopérateur.

alexandredastous@live.ca

QUI EST ALEXANDRE D'ASTOUS
Alexandre est journaliste depuis 1998 à Rimouski, notamment spécialisé en agriculture. Détenteur d’un baccalauréat en histoire et d’un certificat en journalisme, il collabore à de nombreuses publications, dont le Coopérateur.