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Des vaches étoilées pour la Ferme Belfast Holstein

Avantis Coopérative

Forte de ses 70 ans d’existence, la Ferme Belfast Holstein, membre d'Avantis Coopérative et située à Saint-Patrice-de-Beaurivage, excelle en élevage en produisant de formidables dames holsteins qui rencontrent souvent le succès sur les planches des expositions. Alors que certaines se retirent, ayant connu leur heure de gloire, d’autres les remplacent sur scène pour perpétuer la lignée.

Entre taureaux éprouvés ou génomiques, les trois copropriétaires, Vincent, son père Robert et son oncle Denis, choisissent un peu des deux. « Si on veut être en avant de la génétique, il faut utiliser des bœufs génomiques, affirme Vincent Chabot. Sinon, on serait tout le temps en arrière des autres éleveurs. » 

Le jeu en vaut parfois la chandelle… et d’autres fois moins. « Ce que je trouve le fun, ajoute le producteur, c’est que quand on prend nos décisions, on voit le résultat dans environ deux ans et demi. Enfin, le fun… c’est décevant aussi! Parfois, avant même que les génisses viennent au monde, on sait qu’on s’est trompés dans nos croisements. Mais ça nous permet de nous améliorer. » 

Parmi les réussites, on retrouve quelques vaches particulièrement remarquables. 

Lasenza : une illustre occupante

C’est la meilleure, la plus belle, la plus performante avec ses 113 709 kg produits à vie, la meilleure génitrice, 18*, celle qui a produit le plus d’embryons et qui a transformé l’histoire de la Ferme Belfast Holstein : Lasenza.

« Elle a été nommée All-Canadian et All-American en 2013, elle a gagné à l’exposition de Madison et à la Royale et c’est la meilleure éleveuse qu’on ait jamais eue ici. En plus, elle est spéciale parce qu’on l’avait en copropriété avec le frère de mon père. C’est lui qui avait trouvé la mère aux États-Unis. » 

À maintenant 12 ans, elle a mis bas son dernier veau il y a près de 800 jours. Elle occupe une place à part dans l’étable, dans un enclos bien à elle, pour y optimiser les soins et l’attention qu’on lui accorde. Si la plus grande étoile de la ferme maintient une respectable production à 30 kg par jour, c’est surtout pour sa capacité à produire des embryons qu’elle reste encore très productive, elle qui transmet si bien ses gènes. Depuis 2022, elle a produit 50 embryons!

Parlant de transmission de gènes, notons que Lasenza a 43 filles, dont 9 EX, 19 TB et 7 BP. 

Après avoir tant donné à la Ferme Belfast Holstein, comment l’âge quasi vénérable de Lasenza est-il reçu? Est-ce qu’il y a un attachement particulier? « Certainement. Ça fait longtemps qu’on l’a… À un moment donné, on n’aura pas le choix de la laisser aller, mais ça va être tough… » confirme Vincent.

L’héritière de Lasenza

La fille de Lasenza la plus remarquable et celle qui lui ressemble le plus est Luango. « Luango allie conformation et production », d’après Normand Roy, l’expert-conseil de la ferme. Elle transmet également bien ses gènes, produit une bonne quantité de lait (14 782 kg, 4,8 % de gras, 3,5 kg de protéine [326-426-353]) et a été sacrée championne à Saint-Agapit en 2022. 

Dans la famille de Lasenza, les filles de Luango sont celles qui ont les plus hautes performances. « C’est ce qu’on recherche. En ce moment, c’est la plus belle et la plus productive de l’étable. Elle aura cinq ans en janvier », précise Vincent. 

La lignée Belfast partout dans le monde

Plusieurs des filles de Lasenza ont fait de grands voyages : la génétique Belfast se retrouve dans au moins huit pays, soit au Canada et aux États-Unis, mais également en France, en Suisse, en Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas!

La ferme accueille aussi régulièrement des stagiaires français venus parfaire leurs connaissances au Canada et compléter leur programme d’études. L’expérience est mutuellement enrichissante : les stagiaires apprennent des méthodes du Québec et offrent leur temps et leurs plus récentes connaissances à la famille Chabot. C’est gagnant-gagnant.

Les expositions

La génétique Belfast, entre autres avec Lasenza, a connu un vif succès au fil des ans. Près du tiers du petit bureau de la ferme croule sous les rubans colorés, les médailles et les trophées de « Championne ». 

« Les expositions, on aime ça, affirme Vincent. On est parfois capables de vendre de bonnes vaches et on est contents. Elles font connaître la ferme et les animaux. »

Alors que les membres de la famille participaient autrefois à de nombreuses expositions, le rythme s’est maintenant calmé. Il est plus rare qu’on parte avec une vache pendant trois semaines. Ces événements, gourmands en temps et en énergie, ne font pas la régie de la ferme. « Il faut avoir un équilibre qui permet d’espérer [des ventes ou des prix] et d’être aussi productifs sans se baser là-dessus pour prendre des décisions », ajoute le producteur.

La ferme se concentre aujourd’hui davantage sur quelques expositions bien choisies, locales, provinciales ou mondiales, selon la qualité de leur sujet. 
La plus récente innovation de la ferme

Les vaches sont réparties entre trois bâtiments principaux. Les plus jeunes veaux ont des abris extérieurs, alors que les génisses de trois à six mois occupent l’ancienne porcherie.

Les génisses de 6 à 24 mois sont quant à elles dans l’étable froide et profitent des parcs sur litière accumulée (bed pack). Les vaches en lactation sont installées dans l’étable à stabulation entravée. Quant aux vaches taries, elles profitent d’un accès à un enclos extérieur. 

Voit-on poindre un projet d’agrandissement ou de robot de traite? Pas pour le moment. La traite se passe bien et, pour installer un robot, il faudrait construire une nouvelle étable, où, du coup, on réunirait toutes les vaches en un seul bâtiment.

La plus récente innovation de la ferme ne se trouve donc pas dans le béton, mais plutôt dans l’alimentation : c’est le mélangeur. La machine, installée vers 2020, permet d’uniformiser la qualité des rations, d’avoir une meilleure idée de ce que les vaches mangent et d’optimiser les performances. 

« En sachant précisément ce que les vaches consomment, on a moins de variables inconnues et on est capable de pousser chaque vache », ajoute Vincent. Fini les excès ou les carences alimentaires. Outre la performance laitière, il y a aussi un important gain de temps : c’est deux heures de travail par jour qui sont gagnées grâce à l’automatisation!

Les prochains défis

Parmi les grands défis de la ferme, on retrouve : « Élever une autre Lasenza! » L’acheter, c’est bien, mais ce n’est pas le but : les éleveurs aimeraient que la prochaine lignée de la Ferme Belfast Holstein vienne bel et bien du troupeau Belfast.

Pour cette entreprise de plus de 70 ans, garder le cap pour rester l’un des chefs de file en élevage serait aussi une belle réussite. 

Puis, pourquoi pas une autre plaque de maître-éleveur? Comme l’affirme candidement Vincent, « Avoir une quatrième plaque de maître-éleveur, en 2036, ce serait pas pire. »

On s’en reparle dans 13 ans!

Photo par Stéphanie McDuff

Stéphanie McDuff

Stéphanie est Rédactrice et chef de la production numérique pour le Coopérateur. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal, elle est détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études littéraires. 

Stephanie.McDuff@sollio.coop

Stéphanie est Rédactrice et chef de la production numérique pour le Coopérateur. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal, elle est détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études littéraires.