Lait : Utiliser la technologie pour évaluer l'efficacité de la ventilation d'été
Texte de l’équipe d’experts-conseils en production laitière d’Uniag Coopérative
Le nombre de canicules augmente, et la hausse constante de la production des vaches accroît le défi de bien les ventiler. Ces deux constats sont à l’origine de notre projet d’évaluation de la ventilation des étables en été, dont voici les résultats préliminaires.
Durant l’été, nous avons souvent à nous prononcer sur les causes d’attroupement des vaches et de baisses radicales des composants du lait chez des clients qui ont pourtant investi dans leur ventilation. Afin d’évaluer les différents systèmes et de conseiller nos clients, nous avons eu l’idée, à l’été 2019, d’utiliser des sondes de température ruminale Thermobolus dans trois fermes très performantes ayant des systèmes de ventilation différents. Nous avons débuté avec sept sondes ruminales par ferme, surtout chez des vaches à leur premier veau, car les sondes ont une durée de vie de plus de trois ans. Une hausse anormale de température dans le rumen est un bon indicateur que la vache n’est pas capable de se refroidir suffisamment et qu’elle subit un stress thermique.
L’intensité du stress peut mener à des alertes de fièvre modérée, et lorsque la fièvre dépasse 41,4 °C, des alertes d’hyperthermie sont générées. La durée de la fièvre peut aussi être décrite par les alertes, en passant de fièvre de courte durée à fièvre de longue durée.
Des résultats surprenants
Deux fermes ont eu plus de 18 fièvres de longue durée, alors que la troisième n’a eu aucune fièvre durant l’été! La ferme la mieux ventilée est équipée de gros ventilateurs de 54 po de diamètre, placés assez près pour déplacer l’air à plus de 8 km/h partout dans l’étable. Ils sont orientés dans une même direction pour faire sortir rapidement la chaleur et l’humidité à l’extérieur. Des gicleurs installés au-dessus de la mangeoire ajoutent au refroidissement des vaches.
Ces résultats nous ont démontré que la majorité des installations actuelles ont besoin d’être améliorées pour supporter la hausse de stress thermique des dernières années. À la suite de l’obtention de 50 000 $ du Fonds de 100 millions $ de Desjardins, nous avons pu offrir les équipements au rabais pour poursuivre l’évaluation de la qualité de la ventilation d’été dans un total de 25 fermes, qui se sont ajoutées au cours des années 2020 et 2021.
Le projet s’est bonifié au fil des contacts avec les ingénieurs agricoles, le concepteur et mathématicien d’itk - New Medria (concepteur et développeur de FarmLife, solution intelligente de suivi des vaches laitières), les chercheurs de Sollio Agriculture et les producteurs rencontrés. Dans sa forme finale, il compte 10 sondes ruminales pour évaluer le confort des vaches laitières et des vaches taries, qui sont souvent moins bien ventilées. Nous avons également ajouté des sondes de température et d’humidité à l’intérieur et à l’extérieur de l’étable afin de mesurer l’efficacité du système de ventilation pour évacuer la chaleur humide générée par les vaches. Les 25 fermes pourront se comparer en fonction de la différence de l’indice de température et d’humidité (ITH) et du nombre de fièvres prolongées causées par les canicules. L’objectif est d’améliorer graduellement les installations grâce à des ajouts ciblés et d’évaluer les résultats l’année suivante.
Coûts et bénéfices
La question des bénéfices à diminuer le stress thermique par rapport au coût des ventilateurs et de l’électricité est souvent soulevée. L’équipe d’Uniag Coopérative a mis au point une calculatrice permettant aux entreprises d’évaluer les coûts, les retombées en fonction de certains scénarios ainsi que les points morts à atteindre pour justifier chacun des projets étudiés.
Normalement, l’ajout de ventilateurs et de gicleurs pour diminuer le stress thermique se rentabilise par l’augmentation de la production et des composants. Les effets positifs sur la santé et la qualité du lait s’ajoutent également aux bénéfices.
À la fin de l’été 2020, nous avons classé les fermes participantes en fonction du nombre d’alertes au-dessus de 68 d’indice de température et d’humidité (ITH) et de la vitesse de déplacement d’air. Sur les 11 fermes participantes, les fermes 1 et 2 ont une vitesse de déplacement d’air supérieure aux autres, et elles ont été les seules à ne pas avoir de fièvre causée par la chaleur. Plusieurs recherches démontrent qu’un déplacement d’air de 7 km/h est requis pour refroidir efficacement les vaches laitières, et nos résultats appuient cette recommandation.
Ventilation optimale
L’apport de la technologie dans ce projet nous permet une collecte de données fiables et fréquentes. Il offre également aux producteurs la possibilité de mesurer l’impact des modifications qu’ils peuvent effectuer par étape. Certaines améliorations ont eu un résultat positif sur les vaches laitières et sur le moral des producteurs. De plus, nous sommes convaincus que l’opinion publique est sensible aux efforts fournis pour améliorer le bien-être animal.
Nous sommes actuellement à l’étape de l’analyse des données obtenues chez nos 25 participants. Nous sommes curieux de comparer les variations d’humidité et de température à l’intérieur et à l’extérieur des étables, et d’évaluer si le nombre de fièvres augmente avec les niveaux de production en période de canicule, à l’heure de la journée où la température corporelle des vaches est la plus haute, etc.
La table est mise pour un prochain article, en début d’année 2022, dans lequel nous présenterons nos résultats.
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Photo : Uniag Coopérative