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L’évolution dans la continuité chez BMR : entretien avec Alexandre Lefebvre

Nommé en mars dernier chef de la direction de Groupe BMR (division de Sollio Groupe Coopératif), Alexandre Lefebvre continuera à miser sur les multiples avantages concurrentiels qui unissent marchands, employés et clientèle : proximité, expertise, service et expérience client de qualité, présence aux quatre coins de la province et leadership dans le marché des entrepreneurs. Avec des résultats financiers en hausse, le gestionnaire a les coudées franches. Mais des signes de ralentissement se font sentir dans l’industrie. Comment entend-il positionner l’entreprise?

Décrivez-nous d’abord votre parcours personnel et professionnel.
J’ai grandi dans une famille d’entrepreneurs. En 1958, mon grand-père a démarré l’entreprise familiale Lefebvre & Benoit*, qui fait maintenant partie de Groupe BMR et de Sollio Groupe Coopératif. On peut dire que je suis tombé dans la « marmite » de l’industrie des matériaux de construction dès mon jeune âge! 

Plus tard, j’ai fait un bac en administration à l’Université d’Ottawa. Durant mes études, j’ai obtenu une bourse d’Exportation et Développement Canada**, un organisme qui m’a offert un emploi d’été et où j’ai ensuite commencé ma carrière dans les marchés internationaux. De là, j’ai fait mon MBA à l’Université Queen’s, à Kingston, où j’ai rencontré ma femme, qui est native de Toronto. 

Comme j’étais à la recherche d’un nouveau défi à la fin de mon MBA, mon père m’a dit : « Reviens donc dans l’entreprise familiale. » J’y suis retourné, en 2009, et j’ai commencé à prendre la relève avec mon frère, Marc-André, et ma sœur, Caroline. En quelques années, on a haussé de manière significative le chiffre d’affaires de l’entreprise et renforcé notre position de leader dans le marché. À l’été 2019, Groupe BMR s’est associé à Lefebvre & Benoit. C’est là que j’ai appris à connaître l’entreprise et ses valeurs coopératives et entrepreneuriales, qui m’inspiraient beaucoup. Pascal Houle, alors chef de la direction de BMR, a fait le saut dans l’équipe de direction de Sollio Groupe Coopératif au début de l’année 2021, et il m’a demandé de lui succéder en tant que chef de la direction du Groupe.

Comment qualifieriez-vous l’impact de la pandémie sur la logistique et les résultats de Groupe BMR?
Ç’a été en montagnes russes. Au début de la crise, comme toutes les autres entreprises et industries, nous étions inquiets. On nous annonçait que le Québec était mis sur pause. Instinctivement, on a pensé que le marché allait s’effondrer, qu’il n’y aurait plus de chantiers de construction, qu’on entrerait dans une récession historique. Un tel contexte aurait été catastrophique. 

En réalité, c’est l’inverse qui s’est produit! On s’en est beaucoup mieux tirés que d’autres secteurs. Au cours des 36 derniers mois, l’industrie de la quincaillerie et des matériaux a connu une demande jamais vue! Mais malgré un contexte favorable, le climat a été loin d’être facile pour nos équipes. Même avec des mois de ventes records, notre chaîne d’approvisionnement était sous haute tension, et elle l’est toujours à plusieurs niveaux. Il a même fallu faire des choix déchirants. 

Puis, en même temps que le déconfinement de l’été, c’est la baisse de la demande, la hausse sans précédent du prix des conteneurs et la volatilité historique des prix des matériaux de construction qui ont porté ombrage à nos résultats, jusque-là hautement satisfaisants. On commence cependant à voir des signes de reprise encourageants, comme quoi ce contexte est temporaire et qu’il faut être agile et se tenir prêt à rebondir.

Dans la dernière année, Groupe BMR a accueilli dans son giron 14 nouveaux magasins, dont 5 hors Québec. Poursuivrez-vous sur cette lancée?
C’est une année hors du commun. BMR est solidement implanté au Québec, et il y a encore de la place pour engranger des parts de marché. Mais pas aux dépens de notre réseau actuel. La croissance de BMR passe par la venue de nouveaux marchands et bien sûr par le succès et la croissance de nos marchands existants. C’est un équilibre qu’on doit protéger, au Québec et ailleurs. 

Le réseau BMR suscite un vif intérêt. Notre potentiel de croissance dans le reste du Canada – en commençant par l’Ontario – est très grand. L’expansion au Canada est entamée et elle se poursuivra. Nous aurons de bonnes nouvelles à annoncer dans les prochains mois à cet égard.

Y a-t-il des défis liés à cette expansion?
Le succès passera par l’amélioration de la performance de nos centres de distribution, qui sont la plaque tournante de l’approvisionnement de nos marchands. On doit s’assurer que nos opérations et processus d’affaires ne deviennent pas un frein à notre croissance. 

Un autre élément de notre plan stratégique est de maximiser les marges de BMR et de son réseau. Pour croître, il faut en avoir les moyens! On analyse différentes synergies, dont l’élimination d’intermédiaires coûteux dans nos processus d’approvisionnement, surtout à l’international. Même si Groupe BMR favorisera toujours l’achat auprès de fournisseurs locaux, nous sommes condamnés à nous approvisionner outre-mer pour certaines marchandises qui ne sont plus produites en Amérique du Nord.

Quelles sont les nouvelles tendances dans le milieu de la construction, de la rénovation, des matériaux ou de la technologie?
Une tendance lourde des dernières années, surtout au Canada, c’est le déplacement des mises en chantier de l’unifamiliale vers le multilogement. Pour des considérations notamment environnementales et financières, les villes veulent se densifier. Grâce entre autres à Lefebvre & Benoit, BMR occupe une position forte dans ce créneau, au Québec et à Toronto. 

L’autre tendance incontournable, c’est le virage numérique. On a énormément développé nos plateformes dans les dernières années et on continuera de le faire. Le magasinage en ligne gagne du terrain. Par ailleurs, selon une étude réalisée par Léger l’été dernier, les clients de notre industrie souhaitent pouvoir acheter en ligne et ensuite ramasser leur commande en magasin afin de demander conseil au personnel sur place. L’accélération du déploiement de notre plateforme pour le click and collect ne tient pas du hasard.

Notre réseau de marchands propriétaires, implantés partout en région, nous confère un autre avantage concurrentiel en ce sens. Même si nos magasins sont souvent plus petits que ceux de nos concurrents, ils sont en revanche plus nombreux et plus accessibles à la clientèle. Grâce à nos centres de distribution, nous livrons avec rapidité tous nos produits offerts en ligne dans notre réseau, partout au Québec, ce que nos compétiteurs ne peuvent pas faire. 

Notre modèle d’affaires est hyper-intéressant, original et pratiquement inimitable. Notre image de marque est impeccable et reconnue par 96 % des Québécois; c’est exceptionnel. Je suis très optimiste pour l’avenir.

* Lefebvre & Benoit est un important distributeur de matériaux de construction au Québec. Groupe BMR en est devenu le principal actionnaire en 2019. 
** L’organisme s’appelait alors Société pour l’expansion des exportations.


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Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop