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Améliorer ses fourrages pour générer moins de GES

La menace des changements climatiques, générés par la production de gaz à effet de serre (GES), amène les acteurs du milieu agricole à repenser leurs façons de faire.

Le Coopérateur s’est entretenu avec deux jeunes agriculteurs de la relève, Samuel Tessier et Alexis Chassé, qui travaillent sur la qualité de leurs fourrages, puisqu’une vache qui mange mieux, c’est une vache qui génère moins de GES.

Les fourrages à la Ferme Fléole

Samuel Tessier de la Ferme Fléole, située à Saint-Casimir dans la région de Québec, exploite une ferme laitière possédant 84 kilos de quota. Les superficies en cultures totalisent 125 ha (308 acres) :

  • 65 % sont consacrés à la production de plantes fourragères;
  • 10 % sont destinées au maïs ensilage;
  • 25 % sont réservés aux grandes cultures.


Samuel a suivi une formation à l’Institut de technologie agroalimentaire de La Pocatière (ITAQ) entre 2011 et 2014. Le sujet des GES faisait son chemin. « Il y a 10 ans, nous commencions à parler de gaz à effet de serre, mais ce n’était pas une priorité. Nous n’en parlions pas autant qu’aujourd’hui », explique l’agriculteur de 37 ans.

« La lutte contre les GES, c’est un combat global. Chaque personne doit faire sa part autant qu’elle en est capable. À la ferme, nous essayons de valoriser le plus possible les fourrages, assure Samuel qui indique au passage qu’il aime bien voir un beau champ de luzerne égal et luxuriant. En premier lieu, nous voulons contrôler le plus possible nos frais d’exploitation. En plus, une vache, c’est à la base une ruminante. Elle consommait du foin bien avant que l’humain ne la domestique. C’est donc important de produire un aliment de qualité pour les garder en santé. »

Au cours de sa formation agricole, des conférences et des rencontres avec des intervenants, la lutte aux GES a fait son entrée dans les pratiques de la ferme. « Nous avons toujours été ouverts aux nouvelles idées. Nous avons adapté nos façons de travailler, comme ajuster la hauteur de fauche, améliorer les méthodes de ramassage de foin, améliorer la conservation des ensilages. Nous apportons une attention accrue aussi à la maturité des plantes avant la récolte, pour être certains de récolter un moment où elles vont nous apporter un meilleur équilibre entre l’énergie, la protéine et les fibres. Nous avons également changé nos méthodes d’implantation des prairies. Maintenant, nous utilisons un mélange avoine-pois en plante abris pour nos luzernières. Ça nous assure un fourrage appétant et de qualité. »

« Nous avons également séparé nos prairies de vaches en lactation de celles consacrées à nos vaches taries et à nos taures, ajoute l’agriculteur. Nous avons un meilleur contrôle du potassium dans les graminées des vaches en préparation vêlage. En plus, nous avons acquis des parts dans un semoir Brillon, ce qui nous permet d’ajouter du mil dans certains mélanges. »

« Nous avons également amélioré notre équipement pour la récolte afin d’être encore plus efficaces. Nos balles d’ensilage sont moins exposées à l’air libre avant d’être enrubannées. Elles ont moins le temps de commencer à se réchauffer. Une balle qui n’est pas utilisable, c’est une balle qui va pourrir quelque part et que nous devrons remplacer. Ce n’est pas bon pour le budget et pour l’environnement. C’est du gaspillage et ça, ce n’est bon pour personne », conclut Samuel.

Conjuguer environnement et économie aux fermes Exploit et AL Premier

Les fermes Exploit de Baie-du-Febvre et Al Premier de Sainte-Monique au Centre-du-Québec, propriétés d’Alexis Chassé et de son père, Michel, consacrent entre 60 et 70 ha (150 et 170 acres)  aux fourrages sur les 140 ha (345 acres) cultivés. Plus de 75 % de cette superficie sont consacrés aux fourrages.

L’intérêt d’Alexis pour la gestion des GES vient principalement d’un souci envers la santé des animaux. « Je crois qu’une bonne qualité de fourrage vient du foin et des prairies que nous implantons. Ç’a également un impact sur la conservation des sols et de la matière organique, entame Alexis. La campagne de sensibilisation, fondée, des scientifiques quant au réchauffement de la planète, c’est venu me chercher. C’est un secteur où je fais attention dans mes entreprises. »

Du point de vue technique, certains ajustements ont été introduits aux fermes familiales Chassé. « Nous avons opté depuis une dizaine d’années pour le travail minimum du sol et le semis direct. Nous voulons conserver le plus possible la matière organique et la structure du sol. Nous voulons également limiter au maximum les passages des tracteurs dans les champs. Nous visons aussi la santé des vaches en diminuant les toxines dans nos fourrages », explique le jeune agriculteur de 31 ans.

Avec de meilleures techniques de production de ses fourrages et une plus grande longévité des animaux dans le troupeau, Alexis Chassé espère assurer la pérennité de son entreprise et diminuer graduellement la production de GES.



Les 9 stratégies de Samuel Tessier, de la Ferme Fléole

  1. Valoriser le plus possible les fourrages.
  2. Produire un aliment de qualité pour garder ses vaches en santé.
  3. Ajuster la hauteur de la fauche.
  4. Améliorer les méthodes de ramassage de foin.
  5. Améliorer la conservation des ensilages.
  6. S’assurer de la maturité des plantes avant la récolte, pour obtenir le meilleur ratio entre l’énergie, la protéine et les fibres.
  7. Adopter des méthodes d’implantation des prairies qui assurent un fourrage appétant et de qualité, par exemple avec un mélange avoine-pois en plante abri pour les luzernières.
  8. Séparer les prairies des vaches en lactation de celles des vaches taries ou des taures.
  9. Améliorer l’équipement pour la récolte afin d’éviter de laisser les balles d’ensilage exposées à l’air libre trop longtemps.


Les 4 stratégies d’Alexis Chassé, des fermes Exploit et Al Premier

  1. Opter pour un travail minimum du sol et minimiser les passages des tracteurs dans les champs.
  2. Opter pour le semis direct.
  3. Conserver le plus possible de matière organique et la structure du sol.
  4. Diminuer les toxines dans les fourrages pour favoriser une bonne santé des vaches.

 

Pour en savoir sur les stratégies pour réduires ses GES par la qualité des fourrages, consultez ce billet d'André Roy sur le site de Sollio Agriculture. 


Photo par Christophe Champion

Stéphane Payette

QUI EST STÉPHANE PAYETTE
Membre de l'Ordre des technologues du Québec, Stéphane est expert-conseil en productions végétales à Novago Coopérative.Il est également journaliste à la pige pour le Coopérateur.

stephane.payette@sollio.ag

QUI EST STÉPHANE PAYETTE
Membre de l'Ordre des technologues du Québec, Stéphane est expert-conseil en productions végétales à Novago Coopérative.Il est également journaliste à la pige pour le Coopérateur.