Ferme Caribou: la performance au meilleur coût
Texte de Chantal St-André et Laurence Asselin, agronomes, expertes-conseils, La Coop Profid’Or
À la ferme Caribou, on vise l’efficacité. L’objectif est d’être le plus rentable possible, en misant sur des produits de qualité, tant à l’étable qu’aux champs, et dans le meilleur environnement qui soit pour les animaux et les gens qui y travaillent.
C’est la famille Mathieu qui en est propriétaire depuis cinq générations. L’entreprise de Terrebonne est gérée par Jasmin et Pascal Mathieu, les deux fils de Gilbert et Claudette. Ces derniers sont encore présents à la ferme pour les appuyer. On y exploite 350 hectares en maïs, blé et soya. Le troupeau de 300 têtes compte 136 vaches en lactation produisant un quota 195 kg/j.
Chacun son champ
Jasmin s’occupe de la gestion du troupeau laitier et sa conjointe, Laure, des veaux et de l’alimentation. Le couple a trois enfants (19, 15 et 12 ans). Les deux filles aînées effectuent plusieurs tâches et l’une exploite une petite entreprise cunicole.
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Pascal est responsable de la gestion des champs et sa conjointe, Nathalie, contribue à la traite les fins de semaine et aux travaux aux champs l’été. Ils ont quatre enfants, encore trop jeunes pour participer aux travaux.
Gilbert aide tous les jours à la traite. Quant à Claudette, elle effectue la comptabilité et l’administration de l’entreprise.
À l’emploi depuis 2009, mais à temps plein depuis 2015, Marc-Antoine Bédard est le premier employé à temps plein embauché à la ferme. Il réalise autant les travaux aux champs qu’à l’étable et contribue aussi, avec ses idées, au développement de l’entreprise. Un second employé est dédié uniquement aux traites des fins de semaine.
Virage
La ferme a pris un virage important au cours des dernières années qui a mené à plusieurs améliorations. Pour les vaches en lait, notons la construction d’une stabulation libre de 151 logettes, un carrousel de traite de 20 places, l’installation de 7 ventilateurs « Big Ass Fans » (18 et 24 pieds), la construction d’un silo-couloir pour l’ensilage de maïs ainsi que la construction et l’agrandissement de bâtiments.
Pour les génisses et les vaches taries, on a misé sur la conversion de l’ancienne étable en stabulation libre, dont une partie aménagée en pouponnière pour les veaux, l’achat d’une louve et l’installation d’un automate et de convoyeurs-soigneurs.
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L’entreprise a aussi acheté des terres et du quota (300 ha et 170 kilos depuis 1990) et remplacé plusieurs machineries et tracteurs. On a investi 2,5 millions $ au cours des trois dernières années.
Autre objectif : continuer l’expansion de l’entreprise sans limiter le nombre de vaches ou les superficies de champs. Le carrousel de traite reflète cette vision à long terme.
Plusieurs protocoles ont aussi été mis en place. Dès la naissance du veau, la qualité du colostrum est quantifiée à l’aide d’un réfractomètre. Il en reçoit ensuite 4 litres et est vacciné. Chaque génisse a une fiche où tout est minutieusement noté.
Pour les vaches, les interventions sont inscrites dans le logiciel de gestion de troupeau Dairyplan. Un suivi post vêlage permet de détecter rapidement les désordres métaboliques potentiels tels que l’acétonémie et les fièvres du lait. Ces attentions réduisent les frais vétérinaires au minimum.
La détection des chaleurs se fait à l’aide de podomètres uniquement. Les propriétaires souhaitent faire eux-mêmes le taillage des onglons et l’insémination artificielle.
Les rations sont rigoureusement suivies et on utilise les ingrédients les moins coûteux.
Les vaches sont saillies par les meilleurs taureaux (100 % Holstein), ce qui a propulsé le troupeau parmi le groupe des 10 % supérieurs selon l’IPV au Canada. Le taux de réforme est d’environ 25 %, et 100 % des génisses sont élevées, ce qui garantit une relève suffisante pour soutenir l’accroissement du troupeau, tout en le maintenant fermé (aucun achat d’animaux).
La production du quota en constante croissance est assurée par l’augmentation de la production par vache et la qualité de l’élevage. Les Mathieu souhaitent optimiser la croissance des génisses pour obtenir des taures pesantes au vêlage tout en abaissant leur âge au premier vêlage. Chaque parc est alimenté selon le l’âge moyen des génisses qui s’y trouvent. Les poids et hauteurs sont mesurés plusieurs fois en cours d’année.
Grâce à ces paramètres d’évaluation, la Ferme Caribou obtient de bons résultats sans investir trop de temps et sans sacrifier la qualité de vie de la famille.