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Prairies 2020 : à l’image de 2019?

Depuis quelques années, les stocks de fourrages sont difficiles à maintenir. Comment remédier à ce problème?

Des stocks bas (2018) et des coupes tardives à l’automne 2018 ont été suivis par des conditions climatiques qui, lors de l’hiver 2018-2019, ont entraîné des découverts et des froids intenses. On se souvient du printemps 2019 : frais, tardif, venteux, pluvieux! Les prairies de l’ouest du Québec en ont pris pour leur rhume. Et pour agrémenter le tout – comme si ce n’était pas assez –, certaines régions ont souffert de périodes de sècheresse importantes dans le courant de l’été. Rien pour garder le sourire!

Ces conditions exceptionnelles ont demandé de l’ingéniosité de la part de nombreux producteurs, en vue de corriger rapidement le manque de fourrages. L’augmentation des superficies consacrées au maïs-ensilage a été une réponse à ce problème. Le recours à des plantes d’urgence a aussi été grandement utilisé, avec des résultats très variables, disons-le.

À chaque producteur sa situation et à chaque situation sa solution. Dans ce genre d’années de production, il n’y a pas de solution unique qui puisse s’appliquer à tout le monde.

Voici quelques pistes de solution et quelques précautions à prendre lorsqu’on fait le choix d’utiliser une culture d’urgence.

La première plante à laquelle il faut penser, c’est le maïs-ensilage. Une valeur assez sûre, qui demande des travaux aux champs relativement simples à la suite d’une perte de prairie. C’est une culture bien maîtrisée, avec un rendement très satisfaisant. La maturité sera le principal indicateur de qualité de ce fourrage. Pour atteindre votre but avec l’ensilage de maïs (volume et énergie), il faut choisir un hybride adapté aux unités thermiques de votre région – un élément à ne pas négliger! Il faut également voir si la ration de vos bêtes peut absorber une hausse de cet ingrédient.

Une autre possibilité qui a fait ses preuves, c’est le fameux mélange avoine-pois ou les céréales récoltées en vert. Tous ont un jour essayé ce type de mélange pour x raisons. Cette option est adaptée à toutes les régions de l’Est canadien. L’utilisation d’un mélange de céréales ensilé en vert est fort intéressante pour récolter du matériel tôt en saison. Pour l’implantation d’une prairie du même coup, cela reste une option très viable. 

Cependant, ce type de fourrage n’apporte pas une qualité de protéine à tout casser pour produire du lait; mais à faible inclusion, il sera productif. En revanche, il est très bien adapté pour des sujets de remplacement. Des céréales d’automne qui auraient passé au travers des intempéries pourraient être récoltées juste avant l’épiaison. Encore là, une option pour engranger rapidement des stocks en saison. De récentes études démontrent que l’utilisation de céréales d’automne jumelées à des céréales de printemps, pour un semis de printemps, donne d’excellents résultats pour ce qui est du volume récolté. Les proportions suggérées sont deux tiers de céréales d’automne pour un tiers de céréales de printemps.

Dans la liste des fourrages d’urgence, on retrouve un groupe de plantes que je surnomme « les graminées exotiques de saison chaude »! Ce groupe est constitué de sorgho, de millet japonais, d’herbe du Soudan et d’hybrides d’herbe du Soudan. 

Pour maximiser la germination des semences de ces plantes, il faut un sol chaud (15 °C). Leur potentiel de rendement est très grand, et on peut effectuer plus d’une coupe, selon les conditions. De plus, on peut les utiliser pour implanter des prairies de façon relativement efficace. Cependant, il faut faire particulièrement attention au chaume laissé par ces plantes à l’automne, car il pourrait mener à la mort des plantes fourragères pérennes que vous essayez d’implanter. Pour récolter ces plantes sans risque, on doit leur prêter une attention particulière lorsqu’elles subissent un gel : il faut respecter des périodes d’attente, en fonction du niveau de gel, pour éviter la présence de facteurs antinutritionnels dans l’ensilage récolté.

On compte aussi, parmi les plantes suggérées, le groupe des plantes fourragères annuelles. On parle ici de trèfle d’Alexandrie, de raygrass annuel et de luzerne annuelle. Ces plantes peuvent aussi bien être utilisées comme plantes-abris qu’en semis purs. Leurs rendements sont plus modestes, mais d’excellente qualité. 

Le dernier groupe dont je parlerai est celui des protéagineuses fourragères. Dans ce groupe, on retrouve le pois fourrager (récolte au stade début gousse) et le soya fourrager (récolte au stade R6-R7). Des ensilages d’excellente qualité, mais plus difficiles à faire fermenter que tous les autres. Cela s’explique par un pouvoir tampon élevé ainsi que par un risque élevé de contamination par le sol.

Bon semis!

 

Lire l'article complet dans l'édition d’avril 2020 du Coopérateur.
 

Jean-François Lemay

QUI EST JEAN-FRANÇOIS LEMAY
Jean-François est membre de l'Ordre des agronomes et agit comme expert, stratégie d'affaires agricoles en production laitière chez Sollio Agriculture.

jean-francois.lemay@sollio.ag

jean-francois.lemay@sollio.ag

QUI EST JEAN-FRANÇOIS LEMAY
Jean-François est membre de l'Ordre des agronomes et agit comme expert, stratégie d'affaires agricoles en production laitière chez Sollio Agriculture.

jean-francois.lemay@sollio.ag