Travail-famille : respecter ses limites
CONCILIATION TRAVAIL-FAMILLE :
DEUX PASSIONS, UNE VIE
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Être mère et agricultrice n’a jamais été de tout repos. Mais à l’heure où beaucoup recherchent une meilleure qualité de vie, est-ce possible de concilier la famille et le travail quand on vit de l’agriculture?
Apprendre à respecter ses limites
Marie-Line Patry a appris à la dure ce que signifiait atteindre ses limites. Elle et son conjoint, Marco, élèvent un troupeau de 33 vaches en lactation dans un bâtiment rénové en 2013. Ils ont deux enfants, Vincent et Julia, âgés de cinq et quatre ans. C’est d’ailleurs l’entrée à la maternelle de leur aîné qui a déclenché une véritable prise de conscience de la répartition de leurs tâches à la ferme. Depuis
toujours, les enfants suivaient leurs parents au travail et leur horaire s’articulait autour de la traite. Mais avec l’école, l’autobus prenait Vincent dès 6 h 45. Un jour, épuisé, le petit s’est levé en larmes. C’est alors que Marie-Line a compris que des changements étaient nécessaires, autant à l’étable qu’à la maison.
Après une sérieuse discussion avec son conjoint, ils ont convenu de réaménager leur horaire. Marie-Line s’occupe de la traite le matin, alors que son mari se charge de celle du soir. Dès 16 h 30, Marie-Line se consacre aux enfants. Depuis ces changements, tout va pour le mieux. Le couple a même découvert qu’il disposait maintenant d’un peu de temps ensemble une fois les enfants couchés, chose sur laquelle il avait fait une croix depuis cinq ans, sans vraiment en avoir pris conscience.
La jeune femme a toutefois tiré une leçon importante de cette aventure. « J’ai appris à communiquer mes besoins et mes limites et à faire connaître mes attentes. » Son conjoint veut visiter le Salon de la machinerie de Québec? Parfait, pourvu qu’il trouve quelqu’un pour le remplacer à la traite. Même chose de son côté : elle poursuit ses activités à La Coop Agrivert ainsi que son bénévolat à la bibliothèque de l’école.
Le couple a aussi pris d’autres initiatives. Par exemple, une voisine fait la traite le samedi soir et le dimanche matin en échange de foin pour ses chevaux. Marie-Line et Marco profitent de ce congé pour s’échapper du train-train quotidien en se rendant dans un modeste chalet qu’ils ont construit à l’automne. Ces petites choses ont eu des effets très positifs. « C’est un aboutissement : on a maintenant du temps de qualité et du temps en famille. C’est comme si l’on avait changé de vie. »