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Vie agricole

Gouvernance : payant, la diversité!

Diversité, pluralité, variété : des mots que l’on entend de plus en plus. Le sujet de la gouvernance au féminin ne date pas d’hier, mais force est de constater qu’il est toujours aussi pertinent. Parce que concrètement, la diversité dans la prise de décision, c’est bon pour les affaires!

« On ne peut plus avoir une société où les femmes sont aussi ou plus éduquées que les hommes, mais sont encore sous-représentées dans la gouvernance des organisations », s’indigne la comptable professionnelle agréée Anne-Marie Hubert, associée directrice pour le Québec de la société mondiale EY. Élue en 2009 parmi les femmes les plus influentes au Canada et nommée en janvier dernier à l’Ordre du Canada, elle fait de l’équité entre les sexes son cheval de bataille depuis plusieurs années. Et avec raison.

Au Québec, de plus en plus d’entreprises agricoles sont la propriété ou copropriété de femmes[i]. Celles-ci sont pourtant peu présentes dans la gouvernance des coopératives. Ce n’est pourtant un secret pour personne : dans le virage économique actuel, la diversité devient un atout indéniable pour les coopératives.

« La diversité des sexes au sein des conseils d’administration comporte de grands avantages pour les sociétés sur le plan de la prise de décision, permet d’obtenir de meilleurs résultats et renforce le niveau de compétitivité économique », affirme Catalyst Canada, organisation à but non lucratif qui a comme mission l’augmentation de la place des femmes dans les milieux de travail. 

Selon Anne-Marie Hubert, les femmes ont une manière de gérer qui diffère de celle des hommes. Moins axées sur les chiffres, elles sont plus enclines à mettre en avant la mission de l’organisation. « Elles sont plus orientées vers le développement des affaires. Il est prouvé que les questions posées par les femmes sont de nature à donner de meilleurs résultats. Les décisions prises sont ainsi plus solides, et la corrélation est directe », avance Anne-Marie Hubert.

Elle va encore plus loin : « Il a aussi été prouvé que lorsqu’il y a plus de trois femmes dans un conseil d’administration, le niveau de contribution des hommes augmente également. On crée alors un environnement où les hommes aussi changent leur manière de voir et de gérer; ils poussent la réflexion plus loin. » Cette conclusion est corroborée par McKinsey & Company dans son rapport Women Matter[iv] 

Malgré tout, bien des femmes qui ont le potentiel d’être élues hésitent… Selon les observations d'Anne-Marie Hubert, les femmes vont trop souvent insister sur ce qui leur manque. « On homme aura 70 % du profil et se dira : je vais apprendre! La femme se dira plutôt : il me manque 30 % du profil, je vais attendre. »

« Mesdames, acceptez de ne pas être parfaites! Personne d’autre n’aura 100 % des compétences quand il sera élu. L’important, c’est de vous entourer des gens qui pourront vous aider à acquérir ce qui vous manque. Faites-vous confiance! »

Les femmes font de plus en plus leur place dans les hautes sphères décisionnelles. « Une chose est certaine : plus un conseil d’administration comptera de femmes, plus d’autres auront envie de s’y joindre. C’est très important pour la société, il faut bouger maintenant! » conclut Anne-Marie Hubert.

Vous pouvez lire la version complète dans la version imprimée du Coopérateur, édition d'avril 2018

 

[i] Au Québec, 26 % de fermes sont la propriété ou copropriété de femmes. (Source : Agricultrices du Québec, sur la base de données de l’UPA)

[ii] Incluant les coopératives de consommation, le réseau atteignait 19,7 % de représentation féminine en 2017.

[iii] catalyst.org/knowledge/bottom-line-corporate-performance-and-womens-representation-boards

[iv] wbsociety.org/sites/default/files/wbsfiles/pdf/women_matter_french.pdf

Marie-Hélène Gaudin

Marie-Helene.Gaudin@sollio.coop