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Colloque des coopératrices : cultiver le sens politique

Selon Claude Francœur, professeur titulaire au Département de sciences comptables et titulaire de la Chaire de gouvernance Stephen-A.-Jarislowsky de HEC Montréal, bien que le taux de diplomation des femmes dans les universités canadiennes dépasse celui des hommes depuis près de 20 ans, le taux de représentation des femmes aux conseils d’administration et parmi la haute direction des entreprises peine toujours à atteindre les 15 % au Canada.

Lors de la 18e édition du Colloque des coopératrices, les participantes se sont penchées sur ce phénomène social en tentant de démythifier le sens politique et de définir les zones d’influence des coopératrices, afin de susciter l’engagement des femmes au sein du réseau de La Coop fédérée. Le Colloque, qui s’est déroulé les 20 et 21 novembre 2019 à Saint-Hyacinthe, a permis à quelque 45 femmes d’en apprendre davantage sur leurs compétences et leurs aptitudes particulières à influencer positivement leur entourage – persuadées que La Coop fédérée n’en sortira que grande gagnante!

 

Un sondage pour les femmes du réseau

Au cours du Colloque de l’année dernière, il avait été déterminé que certains gestes stratégiques devaient être faits pour tenter d’augmenter la présence féminine dans les conseils d’administration des coopératives agricoles du réseau. En effet, avec les transformations et fusions actuelles au sein des coopératives, le nombre de femmes impliquées tend à diminuer de manière inquiétante. Pour bien en comprendre la cause, un sondage a été effectué auprès de 119 femmes du réseau.

Voici quelques résultats :

  • 95 % des réponses proviennent de femmes qui ne sont pas administratrices au sein du réseau.
  • Un peu plus du quart des répondantes accepteraient de contribuer à la gouvernance de leur coopérative (au sein du conseil d’administration ou d’un comité, ou comme ambassadrice).
  • Chez celles qui n’accepteraient pas de s’impliquer au sein de leur coopérative, les principaux obstacles sont les suivants :
    • manque de temps (59 %);
    • manque de compétences (13,3 %);
    • manque d’intérêt (10,8 %).
  • Pour un peu moins de 85 % de celles qui seraient désireuses de s’impliquer, il s’agirait d’une première expérience au sein du conseil d’administration d’une coopérative.
  • Parmi ces femmes, les raisons principales qui font qu’elles ne se sont jamais impliquées sont les suivantes :
    • je ne me sentais pas prête (48 %);
    • les circonstances familiales n’étaient pas favorables à ce moment (32 %);
    • je ne voulais pas « tasser » l’administrateur déjà en place (8 %).
  • Parmi les 5 % des répondantes ayant déjà siégé à un conseil d’administration, les raisons de leur départ sont les suivantes :
    • je ne voulais plus siéger (40 %);
    • la majorité des réunions étaient en même temps que mon emploi saisonnier (20 %);
    • on aurait dit que tout était déjà décidé (20 %);
    • je manquais de temps pour siéger à deux CA pendant la fusion (20 %).

Quelques éléments ont été soulevés par les femmes après la présentation des résultats de ce sondage. Notamment : si le réseau de La Coop fédérée souhaite augmenter le nombre de femmes siégeant au sein de ses instances, il serait dans son intérêt d’ajuster certains paramètres. On remarque que les circonstances familiales et le manque de temps semblent être des facteurs préoccupants. Par exemple, il pourrait être pertinent de réfléchir à des manières de faciliter la conciliation de la vie familiale avec les obligations qu’entraîne l’engagement dans une coopérative.

 

Briser le plafond de verre

La conférencière invitée au Colloque de cette année, Sylvie Boisvert, possède une formation en administration des affaires et en coaching d’affaires. Sa présentation, très appréciée des participantes, visait à distinguer les aptitudes politiques des femmes à influencer leur cercle.

Bien que le mot politique rime parfois avec démagogie ou manipulation, il est important de comprendre que la politique a également un sens noble lorsque l’on souhaite influencer avec intégrité et, surtout, avec comme objectif le bien commun. Le monde politique est aussi souvent associé aux qualités dites « masculines » : autorité, leadership, stature, etc. Par ailleurs, les femmes sont tout aussi capables de réussir en politique.

Pour lutter contre les défis qui se présentent, elles doivent apprendre à se poser les bonnes questions. Selon Sylvie Boisvert, la théorie des amplificateurs de pouvoir (voir ci-dessous) est une technique qui peut aider à l’avancement des femmes en politique.

  • Levier des résultats : quels sont les résultats de mon engagement dans ma sphère d’influence?
  • Levier du savoir : quelle est la valeur ajoutée des informations que je possède pour mon organisation?
  • Levier de l’attitude : est-ce que les gens aiment être en ma compagnie?
  • Levier de l’empathie : suis-je attentive aux sentiments et à la logique des autres?
  • Levier du réseautage : suis-je entourée des bonnes personnes pour me mener là où je veux aller?
  • Levier de l’inclusion : est-ce que je suis à l’écoute de tous les points de vue divergents dans mon organisation?
  • Levier du détachement : suis-je capable de voir la situation objectivement?

Pour la conférencière, nous poser les bonnes questions nous place dans une situation où nous sommes en mesure de reconnaître et d’utiliser notre pouvoir personnel pour faire avancer les dossiers qui nous tiennent à cœur.

Lorsque l’on se place dans une posture mentale efficace et positive, on arrive à légitimer son importance et son droit de ressentir, de vouloir et d’influencer. Il faut être capable de bien se connaître, reconnaître ses compétences et garder en tête ses valeurs pour arriver à ses buts et pour mettre son énergie à la bonne place.

 

Pour une équité des genres dans le réseau La Coop

À la suite de la conférence de Sylvie Boisvert, les coopératrices ont pu discuter entre elles afin de trouver des idées concrètes pour le prochain plan d’action visant une meilleure équité des genres dans les organes décisionnels du réseau La Coop. Pour l’instant, rien de concret n’a encore été décidé, mais voici quelques pistes intéressantes :

  • aménager la gouvernance pour atteindre des objectifs chiffrés sur la présence des femmes;
  • diminuer les contraintes à la participation des femmes (services de garde d’enfants, remboursement des frais de services de garde, participation en ligne aux réunions, etc.);
  • offrir du mentorat;
  • offrir de la formation en croissance personnelle pour augmenter la confiance des femmes en leurs capacités;
  • promouvoir des personnalités féminines influentes du réseau;
  • ouvrir deux postes de relève, dont minimalement un féminin, dans les conseils d’administration;
  • privilégier le choix de femmes pour les postes d’ambassadeurs;
  • suggérer, lorsqu’un administrateur cède sa place, une candidature féminine jusqu’à l’atteinte d’un certain seuil de parité.

Il est à noter que pour cette édition du Colloque des coopératrices, dans le but d’inclure des personnalités masculines dans les démarches de parité, deux hommes se sont joints aux discussions en après-midi. En effet, Michel Labbé, président de Citadelle, coopérative de producteurs de sirop d’érable, et David Mercier, membre du conseil d’administration de La Coop fédérée et de celui de Novago Coopérative, ont su apporter leur point de vue et leur soutien aux femmes du réseau. De plus, le président de La Coop fédérée, Ghislain Gervais, est venu faire une petite visite en fin de journée. Cette attitude d’ouverture est bien encourageante pour les décisions importantes à venir.

À l’année prochaine, chères coopératrices!

 

Un prix de participation a été tiré au sort parmi les répondantes au sondage. Félicitations à Louise Isabelle, administratrice à La Coop Unifrontières (secteur maraîcher), qui a remporté les 500 $ offerts! Elle recevra son prix à la prochaine assemblée générale de La Coop fédérée.

Marianne Lavoie

QUI EST MARIANNE LAVOIE?
Marianne a été l'adjointe à l'édition au magazine Coopérateur de septembre 2018 à janvier 2021. Diplômée de l’Université Laval en communication publique, elle a également une passion pour la microédition. 

marianne.lavoie@sollio.coop

QUI EST MARIANNE LAVOIE?
Marianne a été l'adjointe à l'édition au magazine Coopérateur de septembre 2018 à janvier 2021. Diplômée de l’Université Laval en communication publique, elle a également une passion pour la microédition.