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Ensemble pour affronter cette crise

Photo : iStock

Le secteur de l’agriculture a eu son lot d’épreuves au cours des dernières années, mais cette crise de la COVID-19 en est une des plus déstabilisantes. Comment allons-nous la traverser? Entrevue avec Ghislain Gervais, président de Sollio Groupe Coopératif.

 

Le COVID-19 s’avère la plus grave des crises depuis les cinquante dernières années, car c’est une crise qui touche autant la santé du public que l’ensemble de l’économie, ici comme ailleurs. Comment notre réseau réussira-t-il à la traverser?

Comme nous l’avons toujours fait, en travaillant ensemble. Pas autrement. Sollio Groupe Coopératif et les trois divisions, sommes en contact régulier et travaillons avec les coopératives affiliées, nos entreprises partenaires, les associations qui touchent l’agroalimentaire et le commerce de détail, l’UPA, les gouvernements du Québec et du Canada. Nous sommes considérés comme services essentiels, ça va de soi, et nous avons une grande responsabilité à cet égard. En revanche, ça vient avec de nombreux défis et il faut faire le maximum pour limiter les impacts et se préparer pour l’après-crise. C’est ensemble que nous réussirons.

 

Quel genre d’impacts cette pandémie peut-elle avoir sur notre réseau?

Tout d’abord, j’ai confiance dans la résilience des acteurs de notre réseau. Cela dit, il est trop tôt pour en mesurer l’ampleur, car nous sommes encore au cœur de cette crise. Mais une chose est sûre, nous sommes tous à bord du même bateau, et il tangue pour tout le monde en même temps. Il y aura des impacts économiques pour tous, et les pertes des uns auront des effets sur les autres. Mais notre capacité de travailler tous ensemble est essentielle. Ce n’est pas le premier épisode durant lequel notre modèle coopératif a pu faire la différence pour ses membres.

Que dire aussi de ce qui pourrait émerger de cette crise? S’améliorer constamment fait partie de notre ADN. Déjà, on entend que les comportements des gens pourraient changer. Il faudra être attentif aux tendances qui émergeront et s’adapter aux nouvelles réalités, si c’est le cas.

J’ai confiance que notre modèle d’affaires est un rempart derrière lequel nous devons tous nous regrouper afin de demeurer forts et unis dans cette bataille. Nous rassemblons plusieurs forces qui sont essentielles en période de crise, mais aussi au moment de la sortie de crise : notre modèle coopératif, le rôle de notre réseau dans le bon fonctionnement de la chaîne de valeur bioalimentaire et notre empreinte régionale. J’ajouterais aussi notre double rôle qui est de contribuer à assurer l’approvisionnement essentiel ici, chez nous, mais aussi d’exporter nos produits sur les marchés canadiens et internationaux.

 

La fermeture de l’usine de Yamachiche d’Olymel a été très médiatisée. Y a-t-il d’autres secteurs qui sont préoccupants pour Sollio Groupe Coopératif?

Je ne peux passer sous silence le travail remarquable effectué par les équipes d’Olymel pour faire face à ces situations difficiles et complexes. J’ai aussi une pensée pour celles et ceux qui sont touchés par ce virus, par cette fermeture et par les ralentissements dans nos autres établissements. Je n’ai pas à vous dire combien cela a des impacts en amont et en aval de la chaîne de valeur. Heureusement, il existe une filière dans le secteur du porc, dont les intervenants ont l’habitude de travailler ensemble. On est à pied d’œuvre avec toutes les organisations concernées, incluant la santé publique pour trouver des solutions à cette situation. Nous sommes aussi en lien avec notre Filière porcine coopérative.

 

Quels sont les autres secteurs touchés par cette pandémie?

Il y a des répercussions presque partout. Pensons aux producteurs maraîchers qui ont besoin de leur main-d’œuvre étrangère à la veille de commencer leur semis. D’ailleurs, nous avons appris, à la fin de la semaine dernière, qu’un premier vol en provenance du Guatemala arrivera dans la semaine du 13 avril. C’est un premier pas dans la bonne direction et nous suivons la situation de près.

Mentionnons qu’il y a également des travailleurs étrangers dans nos usines. Non seulement nous en avons besoin maintenant, mais nous souhaitons les garder après la crise.

Le secteur de la volaille n’est pas en reste et, encore une fois, tous les joueurs de la filière doivent travailler ensemble pour trouver des solutions à cette situation sans précédent. Les paradigmes normaux ne tiennent plus. Le contexte de la pénurie de main-d’œuvre à court terme, notamment dans les abattoirs, a un impact sur la capacité de production. Nous devons tous nous retrousser les manches.

Le secteur laitier connait aussi une baisse de la demande en lait. Comment gérer cette offre trop grande par rapport à la demande ? C’est aussi préoccupant.

Il faut se rappeler que, depuis l’automne dernier, le secteur agricole a eu à affronter une saison de récoltes difficile, une grève au CN, un blocus ferroviaire, et maintenant la pandémie de COVID-19. Notre résilience est mise à rude épreuve, j’en conviens, mais il ne faut pas baisser les bras. On sait qu’ensemble on s’en sortira.

Je pense aussi à BMR. Le secteur de la quincaillerie est considéré comme un service essentiel, et nous en avons bien besoin, mais la fermeture des chantiers de construction a aussi des impacts. Par exemple, en 2019, BMR s’est porté acquéreur d’une participation dans Lefebvre & Benoit, une entreprise spécialisée dans la vente de matériaux de construction aux entrepreneurs. La majorité des employés de cette entreprise a dû être mise à pied jusqu’à ce que les activités reprennent.

 

Y a-t-il un message que vous aimeriez transmettre à l’ensemble des gens qui constituent notre réseau?

Oui, dans une période de crise comme celle-ci, il faut se rappeler nos valeurs, notamment, la bienveillance, la responsabilité et la solidarité. Soyons justement solidaires et aidons nos communautés ensemble. Ce n’est pas le temps de faire cavalier seul. Il faut suivre les recommandations de la santé publique et s’assurer d’offrir un milieu sécuritaire aux employés et aux travailleurs qui doivent se rendre chez vous par affaire. Et, surtout, il est important, à travers cette lutte que nous menons tous ensemble, de prendre soin de vous et de vos familles.