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La COVID-19 et la production laitière

Photo : (en arrière-plan) Lorraine Lemay et Carl Marquis; leur fille Justine; l'employé Jessy Sarrazin; leur gendre et leur fille, Alexandre Daigle et Catherine; (en avant-plan) les trois enfants d'Alexandre et de Catherine : Jacob, Léo et Emma

Carl Marquis, de la Ferme Lorka, située à Sainte-Croix dans la MRC de Lotbinière, nous raconte les défis de la production laitière en cette période de pandémie. Le Coopérateur se réjouit d’entendre qu’il y a du positif dans cet événement qu’on peut qualifier d’effroyable.

Copropriétaire avec sa conjointe Lorraine Lemay ainsi que deux de ses quatre enfants, Catherine et Justine, Carl tient à souligner, en début d’entrevue, que cette pandémie, extrêmement désolante, apporte un certain réconfort. « Il fallait qu’il arrive quelque chose », tient-il à dire, car depuis quelques années, il se sentait moins enthousiaste envers son métier. « J’ai établi mes deux filles avec le ‟motton dans la gorgeˮ parce que je voyais que la population remettait continuellement en question nos pratiques. Ça me donnait l’impression qu’on ne faisait rien de bon. Même mes filles m’ont demandé un jour si elles allaient devoir sans cesse expliquer et justifier leur travail. »

En l’espace de deux semaines, l’opinion du public a changé envers notre métier, poursuit le producteur laitier. « Maintenant, on travaille de 25 à 30 % plus que d’habitude, mais on est fiers de se rendre à l’étable le matin. Les gens passent devant la maison et nous envoient la main. On dirait qu’ils nous disent ‟merci de remplir les tablettes d’épicerieˮ. Ça fait du bien », ajoute-t-il.

Cela dit, d’autres aspects sont moins agréables. « Dans l’entreprise, nous sommes quatre membres de la famille et deux employés, dont un vient de l’étranger », précise-t-il. Or, un nouvel employé du Guatemala devait arriver au début du mois de mars. Évidemment, en raison de la pandémie, son arrivée a été retardée, mais il pourrait se produire sous peu. « Considérant maintenant les conditions exigées pour l’accueillir chez nous, c’est-à-dire qu’il doit être mis en quarantaine pendant quatorze jours et payé, logé et nourri durant cette période, c’est beaucoup moins intéressant pour nous. » L’élément qui fait craindre davantage la famille est que cet employé est logé dans une maison où d’autres employés étrangers d’une autre entreprise demeurent. Ne pouvant bien contrôler les possibilités de transmission de la maladie, les Lemay-Marquis préfèrent, à ce compte, embaucher quelqu’un du Québec pour les aider à la traite.

L’autre situation qui inquiète le producteur est la baisse de la demande en lait, alors qu’elle était à la hausse il y a à peine quelques semaines. À la demande des Producteurs de lait du Québec, il doit réduire sa production, ce qui l’oblige à prendre des mesures comme celle de modifier leur alimentation et tarir rapidement un certain nombre de vaches, pour ainsi éviter de jeter du lait. En voyant cette situation, Carl Marquis ne peut s’empêcher de penser amèrement aux produits laitiers en provenance d’Europe et des États-Unis qui franchissent la frontière grâce aux ententes commerciales.

 

Le quotidien à la ferme

« Nous sommes un noyau de six adultes incluant notre employé, notre gendre, le conjoint de Catherine, ainsi que leurs trois enfants, explique le producteur. On se fait tous confiance, et on se permet de se côtoyer sans prendre de mesures exceptionnelles. »

En ce qui a trait aux pratiques de biosécurité à la ferme, ils se soumettent aux directives de la santé publique, c’est-à-dire la distanciation avec les visiteurs pour les services essentiels, tels que les livreurs d’intrants, fournisseurs d’équipement, plombiers, vétérinaires, réparateurs d’appareils électriques et les ramasseurs de lait. Aussi, ils s’assurent de changer de vêtements fréquemment, se laver les mains le plus souvent possible tout en demeurant vigilants pour appliquer l’ensemble des mesures habituelles.

Cette pandémie ne bouscule pas complètement leurs façons de faire, mais certaines activités se déroulent différemment. « Par exemple, il y a quelque temps, je me suis inscrit à une vente à l’encan. Habituellement, il y a entre 200 et 400 producteurs qui se retrouvent sur la ferme pendant que les biens sont mis à l’encan. Cette fois-ci, cet exercice s’est tenu en ligne. »

 

Période des sucres

Carl Marquis estime que, dans sa région, les hivers sont vraiment rigoureux. Il y a plus de neige qu’ailleurs. « Pour moi, la saison des sucres signifie que la misère de l’hiver est terminée. » En effet, chez les Lemay-Marquis, cette période des sucres en est une de rassemblements, de festoiements et de plaisir parce que la famille, les amis et les enfants se retrouvent tous à la cabane. « J’ai même un vieil oncle qui demeure au village, âgé maintenant de 84 ans, qui n’a jamais manqué une seule journée durant le temps des sucres. Il venait allumer le poêle le matin, passait le balai, ramassait la cendre. Cette année, il ne vient pas. C’est désolant. »

C’est donc tristement que Carl Marquis ferme les portes de sa cabane à sucre le soir, souvent seul, et rêve à l’année prochaine en espérant que le printemps redeviendra comme avant!

Guylaine Gagnon

QUI EST GUYLAINE GAGNON
Guylaine a grandi sur une ferme dans la région de Lanaudière. Intéressée par l’écriture, elle ne croyait pas qu’un jour elle combinerait son métier à celui de ses parents. Embauchée en 1991 comme secrétaire-correctrice, Guylaine a depuis gravi les échelons jusqu’à la fonction de rédactrice en chef du Coopérateur.

guylaine.gagnon@lacoop.coop

 

guylaine.gagnon@sollio.coop

QUI EST GUYLAINE GAGNON
Guylaine a grandi sur une ferme dans la région de Lanaudière. Intéressée par l’écriture, elle ne croyait pas qu’un jour elle combinerait son métier à celui de ses parents. Embauchée en 1991 comme secrétaire-correctrice, Guylaine a depuis gravi les échelons jusqu’à la fonction de rédactrice en chef du Coopérateur.

guylaine.gagnon@lacoop.coop