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É.-U.: Les producteurs, premières victimes de la crise des opiacées

Crédit photo : 123rf

« Je suis un fermier un peu naïf. Je ne connaissais pas l’ampleur de la crise des opiacés, jusqu’à ce qu’un de mes employés soit touché », raconte Dan Krouse, propriétaire de l’entreprise Midwest Poultry Services, basée en Indiana. Celle-ci se classe au 9e rang des producteurs de poulets aux États-Unis et compte 560 employés.

L’employé en question accusait les retards et son comportement était de plus en plus irascible. Ce dernier avait avoué à son patron avoir un problème avec les opiacés. Un médecin lui avait prescrit ce type de médicament pour soulager ses maux après un accident d’auto survenu quelques années auparavant.

C’est lorsque cet employé a été retrouvé mort à sa résidence que le producteur a pris conscience de la gravité du problème.

Plus de morts que les armes à feu

Les États-Unis sont plongés dans une véritable épidémie de morts par surdose d’opiacés. En 2016, quelque 64 000 personnes en sont décédées, soit 174 personnes par jour.

« C’est plus que le nombre de gens décédés dans des accidents d’auto et par homicides perpétrés avec des armes à feu », a indiqué Ann Hazlett, assistante au Secrétaire du développement rural du Département américain de l’agriculture (USDA).

Selon une toute récente étude, menée en octobre 2017 par les deux plus grandes organisations agricoles, l’American Farm Bureau et la National Farmer Union, 74 % des producteurs américains incluant les travailleurs agricoles sont touchés par cette crise.

Les autorités tentent de mettre en place un vaste programme d’aide à travers le pays — lignes ouvertes, sites internet, accessibilité à un médecin — de concert avec les organismes compétents et les communautés pour tenter de juguler la crise. « Une des premières choses à faire est de ne pas stigmatiser les personnes aux prises avec ce problème », a indiqué Jessica Nickel, présidente et chef de la direction de l’Addiction Policy Forum, un organisme de lutte à la dépendance des drogues, basé à Washington.

Un coût élevé pour l’entreprise

En citant les chiffres d’une étude de la National Safety Council (2016), Dan Krouse estime que les coûts totaux de perte de productivité pour l’entreprise et la société — temps de maladie, incarcération, dormance au travail, taux de roulement et formation d’un nouvel employé — se chiffrent entre 11 305 $ US et 43 415 $ US par employé.

Comme employeur, le producteur renchérit indiquant qu’il ne faut pas stigmatiser un employé avec un problème de dépendance et qu’il faut lui faciliter l’accès aux ressources disponibles et des traitements autres que les opiacés (thérapie physique, massage, acupuncture).

Dan Kouse fait dorénavant passer des tests de drogues à tout nouvel employé pour déceler un problème.

Nicolas Mesly

QUI EST NICOLAS MESLY
Nicolas Mesly est reporter, photographe et agronome (agroéconomiste). Les associations de presse du Canada ont récompensé son travail journalistique et photographique à plus de vingt reprises. Il est chroniqueur économique, entre autres à la radio de la Société Radio-Canada.

nicolas@nicolasmesly.com

QUI EST NICOLAS MESLY
Nicolas Mesly est reporter, photographe et agronome (agroéconomiste). Les associations de presse du Canada ont récompensé son travail journalistique et photographique à plus de vingt reprises. Il est chroniqueur économique, entre autres à la radio de la Société Radio-Canada.