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Chroniques / Entre nous

Croître sans perdre son âme coopérative

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Le printemps est arrivé, enfin presque! Après quelques périodes de froid polaire et d’abondantes bordées de neige, il fait bon sentir l’approche des beaux jours et, pour nombre d’entre nous, des travaux aux champs, qui allient fébrilité et espoir d’une récolte fructueuse…

Cette fébrilité printanière est aussi palpable au sein de notre propre réseau. En effet, les derniers résultats financiers de La Coop fédérée, présentés lors de son assemblée annuelle du 22 février, à Montréal, sont les plus fructueux de son histoire. Ils procurent à l’entreprise l’impulsion ainsi que les moyens nécessaires pour assurer son développement dans les années à venir.

Notre croissance passera par des acquisitions, des partenariats d’affaires et l’amélioration de l’efficacité de nos méthodes de travail. Notre but : toujours mieux vous servir et contribuer à l’accroissement de la rentabilité de vos entreprises agricoles.

Mais voilà, pour certains observateurs, la croissance n’est pas nécessairement de bon augure. Plus les coopératives s’y précipitent, dit-on, plus elles risquent de perdre leur « âme ». Un reportage de TV5 Monde, diffusé le 24 février dernier, posait la question qui tue : « Les coopératives agricoles ont-elles pris un tournant trop capitaliste? »

« Les coopératives [françaises], observait-on dans ce reportage, ont tellement prospéré que certaines sont devenues des poids lourds de l’agroalimentaire et sont soupçonnées d’oublier “l’esprit” coopératif au profit d’un capitalisme pur et dur. »

Je ne partage pas cette vision des choses. Je n’ai aucun soupçon quant à ce soi-disant oubli d’un esprit coopératif qui résulterait de la croissance de nos entreprises. Voici pourquoi :

D’abord, nous n’évoluons pas en vase clos. Nos coopératives doivent faire face aux mêmes exigences, enjeux et défis que les entreprises dites à capital-actions. Il nous faut donc agir.

Ensuite, les marchés se consolident. La concurrence est vive et mondiale. Et elle s’accentue. Il est nécessaire de nous positionner solidement dans tous nos secteurs d’affaires et dans tous nos métiers. Il en va de notre crédibilité et de notre pertinence. Nous devons nous donner les moyens de nos ambitions.

Je vous cite un autre extrait du reportage, où l’on rapporte les propos du directeur général de Coop de France, Pascal Viné : « Il y a eu un effet de concentration, car le marché unique européen se dérégule, et les coopératives françaises se sont retrouvées face à des compétiteurs qui sont de la taille d’un pays, écrasent les coûts de production et pénètrent notre marché. »

Notre ambition, rappelons-le, est la suivante : forte d’un modèle coopératif rentable et agile, La Coop fédérée sera reconnue comme un chef de file des secteurs agricoles et agroalimentaires canadiens et du secteur de la vente au détail dans l’est du Canada.

Mener à bien cette ambition passe inévitablement par la croissance. Par l’atteinte de masses critiques, qui feront de nous des acteurs incontournables, capable d’intervenir dans le marché au profit de tous nos sociétaires. Je le répète : Forte d’un modèle coopératif rentable et agile. Il n’est aucunement question de perdre notre âme!

Même si notre croissance s’articule pour le moment essentiellement sur le marché canadien, des partenariats prennent également forme à l’international, notamment dans le secteur des engrais, le développement d’outils numériques et la recherche et développement, ainsi que dans l’approvisionnement ou la commercialisation de produits de la ferme.

Une étude de PricewaterhouseCoopers, réalisée à la demande de La Coop fédérée et rendue publique lors du Sommet international des coopératives de 2016, révélait d’ailleurs que les partenariats d’affaires entre des coopératives (d’ici ou d’ailleurs) et des entreprises à l’étranger sont en forte croissance depuis 2005. Le principal objectif consiste à s’établir dans de nouveaux marchés pour répondre à la mondialisation, qui, partout, impacte les chaînes de valeur.

La demande en produits agricoles est en augmentation constante, en raison de la hausse démographique et des gains de revenus dans de nombreuses régions du monde.

La mission de notre entreprise nous positionne avantageusement : enracinée dans le milieu agricole et misant sur sa force collective, La Coop fédérée contribue à nourrir le monde.

Je suis convaincu que le réseau avance dans la bonne direction.

Je vous souhaite un heureux printemps!

Ghislain Gervais

Ghislain Gervais est administrateur chez Sollio Groupe Coopératif et il en a été président de 2016 à 2023.

ghislain.gervais@sollio.coop

Ghislain Gervais est administrateur chez Sollio Groupe Coopératif et il en a été président de 2016 à 2023.