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Affaires économiques

Vos équipements maximisent-ils votre rentabilité?

Les équipements et machines sont une nécessité pour toute entreprise agricole. Mais encore faut-il savoir se doter de ceux qui correspondent le mieux aux travaux que l’on doit faire et, surtout, à son budget.

Prenons l’exemple d’un semoir. Il en existe une multitude, pour tout type de travaux et pour toutes les bourses. Certains semoirs de haute technologie peuvent coûter plus de 200 000 $.

Un tel investissement se rentabilise si la dimension de l’entreprise et les tâches à exécuter le justifient. Mais lorsque les capacités de l’équipement acquis et son coût s’avèrent bien au-delà de ce que l’exploitation requiert et peut se permettre, c’est la rentabilité de cette dernière qui en souffrira.

Une image vaut mille mots. Voyons la différence des frais fixes engagés pour l’achat d’un semoir de semis direct de 40 000 $, selon que les producteurs cultivent 50, 100 ou 150 hectares. Le tableau indique clairement quel sera le coût annuel de possession en ce qui a trait à la dépréciation, aux intérêts et aux assurances.

Sur la base d’une dépréciation d’une durée de 10 ans, d’un taux d’intérêt de 6 % et de frais d’assurances de 7,50 $ par tranche de 1000 $ de valeur de l’équipement, le total des frais fixes se monte à 5220 $ par année.

En les répartissant en fonction de la superficie, on constate que plus on sème d’hectares, plus les frais par hectare diminuent. En effet, ils passent de 104,40 $ par hectare pour une superficie de 50 hectares à 34,80 $ par hectare pour 150 hectares, donc trois fois moins – ou trois fois plus, selon le point de vue.

Des données recueillies auprès de producteurs du réseau La Coop indiquent, pour une culture de céréales « conventionnelle », que les frais fixes les plus bas étaient de 3,35 $ par hectare, alors que les plus élevés atteignaient 76,65 $. La moyenne, quant à elle, se chiffrait à 17,46 $. La variabilité d’un producteur à l’autre est donc très grande. Ce qui nous amène au constat suivant : être aux prises avec des frais fixes trop importants, et ce, pendant une dizaine d’années, mine lourdement la rentabilité.

Cet exercice vise également à mettre en lumière que le rendement obtenu, les conditions météorologiques et le coût des intrants, par exemple, n’influencent aucunement les frais fixes. Mais ces derniers, manifestement, affectent de façon importante le bilan de votre entreprise.

Certains avanceront que l’on pourrait les diminuer en payant l’équipement comptant. En effet, les intérêts de l’emprunt ne seraient alors pas calculés. Mais il faudrait s’assurer que la somme versée en argent, même en tenant compte d’un éventuel rabais consenti par le concessionnaire, ne génèrerait pas un meilleur rendement dans un quelconque produit financier. C’est ce qu’on appelle le « coût d’opportunité ». Qui plus est, la somme conservée en banque pourrait vous procurer une certaine marge de manœuvre dans la gestion de vos liquidités.

Bien entendu, les frais variables (intrants, carburant, entretien, etc.) comptent aussi pour beaucoup dans la rentabilité de votre exploitation, mais ce sont généralement des postes budgétaires sur lesquels vous n’avez que peu d’emprise.

Pour ce qui est de la machinerie et des équipements, la situation est tout autre. Comme nous le disions en introduction, une entreprise agricole ne saurait s’en passer. Et il lui faut des appareils de qualité et performants. Mais on peut faire des choix réfléchis. En effet, est-ce que l’équipement dont vous souhaitez faire l’acquisition correspond judicieusement à la superficie que vous exploitez ainsi qu’à votre capacité de remboursement? Cette analyse est valable pour tout équipement dont vous voulez doter votre ferme.

Bref, nous sommes souvent plus responsables de nos résultats financiers qu’on le laisse croire. Une mauvaise saison à cause de Dame Nature, ça ne dure qu’une saison, alors qu’une mauvaise décision d’investissement peut être la cause de plusieurs années de médiocres résultats! C’est pourquoi il importe de trouver un juste milieu entre les besoins de votre entreprise et la machinerie désirée. Matière à réflexion!

Service agroéconomie et développement numérique

mario.picard@lacoop.coop