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Affaires économiques

Les États-Unis réclament la fin de la gestion de l’offre

Photo : les ministres de l'Agriculture des États-Unis, du Canada et du Mexique réunis pour la renégociation de l'ALÉNA. Dans l'ordre, Sonny Perdue, Lawrence MacAulay et José Calzada Rovirosa. 
Crédit photo : USDA

Toujours aussi imprévisible, le gouvernement américain y est allé, lundi le 16 octobre, en cette Journée mondiale de l’alimentation, d’une autre déclaration fracassante. La réaction ne s’est pas fait attendre de ce côté-ci de la frontière.

Les ministres de l’Agriculture Lessard et MacAulay ont réitéré que la gestion de l’offre est non négociable.

« Nous allons nous battre pour préserver ce système. Toute entente qui propose autre chose n’est pas une option », a déclaré Lawrence MacAulay, ministre fédéral de l’Agriculture. Souligons que le Canada a formellement rejeté la proposition des Américains, hier, le 17 octobre.

Dans le cadre de la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), les États-Unis demandent que le système de gestion de l'offre soit complètement éliminé d'ici 10 ans dans les secteurs du lait, des œufs et de la volaille. Cela signifierait la fin des quotas de mise en marché et des tarifs. Les États-Unis ont également demandé l'ouverture graduelle, à coup de 5%, du marché canadien à leurs exportations de lait, d'oeufs et de volaille.

Rappelons que le gouvernement Trudeau a promis de maintenir le système de gestion de l’offre, plaidant que les États-Unis ont plusieurs programmes d’appui à leur secteur agricole.

L’UPA et Les Producteurs laitiers du Canada ont également fait savoir leur profonde insatisfaction quant à la tournure que prennent les négociations en vue de la modernisation de l’ALÉNA, dont la quatrième ronde s’est terminée le 17 octobre à Arlington, en banlieue de Washington.


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Nul ne saurait le dire.

John McCain, le sénateur américain, fortement en faveur de l’ALÉNA, a notamment cité un éditorial du Wall Street Journal titrant que la fin de l’Accord serait la pire erreur économique depuis Nixon.

Pour le professeur en agroéconomie à l’Université Laval, Daniel-Mercier Gouin, en entrevue à RDI Économie, le 16 octobre, la gestion de l’offre est toujours pertinente. « Elle permet toujours une stabilité et une prévisibilité pour tous les acteurs de la chaîne agroalimentaire dans les secteurs avicoles et laitiers et aussi une stabilité des prix à la consommation. »

Selon lui, l’« avantage présumé » de l’abolition de la gestion de l’offre ne tient tout simplement pas la route.

Une telle décision entraînerait un flux de produits américains sur le marché canadien, mentionne le professeur en agroéconomie. Des produits qui pourraient comporter notamment des hormones de croissance, une substance interdite au Canada, mais permise aux États-Unis.

Le professeur Gouin parle aussi d’un avantage « rêvé » de baisse de prix du lait au consommateur. Un avantage, selon lui, très incertain.

Il ajoute que la demande des Américains cette fois est tellement « grosse » qu'elle sera facile à « rejeter du revers de la main ».

Cela dit, le Canada n'a aucune intention de quitter la table des négociations, a précisé François-Philippe Champagne, ministre du Commerce international du Canada, qui juge inacceptable la proposition des Américains.

À la fin de la quatrième ronde, les trois pays ont annoncé en conférence de presse que les négociations se poursuivront au moins jusqu'au début de l'année 2018.

La ministre des Affaires étangères, Chrystia Freeland, est d'avis qu'une modernisation de l'ALÉNA à la satisfaction des parties est possible.

Une cinquième ronde de négociations se tiendra à Mexico du 17 au 21 novembre prochain.

Sources : La Presse canadienne, Radio-Canada, The Globe and Mail